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Titre original : Blood and Sand Sortie US : 1941 Durée : 125 min (2 h 05) Langue : Anglais 20th Century Fox Film Corporation Technicolor
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Le CastingTyrone Power ... Juan Gallardo Linda Darnell ... Carmen Espinosa Rita Hayworth ... Doña Sol de Muire Alla Nazimova ... Señora Augustias Gallardo Anthony Quinn ... Manolo de Palma J. Caroll Naish ... Garabato John Carradine ... Nacional Lynn Bari ... Encarnacion Laird Cregar ... Natalio Curro Monty Banks ... Antonio Lopez Vicente Gomez ... Guitariste |
Equipe du filmD'après l'œuvre de Vicente Blasco Ibanez Réalisateur : Rouben Mamoulian Scénariste : Jo Swerling Producteur : Darryl F. Zanuck Musique : Alfred Newman Chansons : Vicente Gomez Image : Ernest Palmer / Ray Rennahan Montage : Robert Bischoff Costumes : Travis Banton Décors : Thomas Little |
L'histoire est tirée du roman de Vicente Blasco Ibanez. C'est celle de Juan Gallardo, fils d'un célèbre torero qui a trouvé la mort au cours de l'une des démonstrations dans l'arène.
Juan est devenu un jeune homme et malgré le destin tragique de son père, il rêve de prendre sa succession et d'endosser à son tour l'illustre habit de lumière. Sa mère ne partage pas ses désirs car elle craint pour Juan la même issue fatale.
Malgré ses mises en gardes répétées, Juan s'obstine dans ses intentions. Un beau jour, il quitte la maison familiale pour pouvoir mener plus aisément la carrière qu'il s'est choisie. Plusieurs années s'écoulent encore au cours desquelles Juan réussit à mener à bien son ambition.
Tout auréolé de la gloire acquise en disputant de spectaculaires corridas, Juan revient dans son village natal où il retrouve Carmen Espinoza, son amie d'enfance. Les deux jeunes gens qui s'aimaient tendrement lorsqu'ils étaient petits, sont toujours amoureux l'un de l'autre. Ils se marient donc dans la joie générale.
Mais quelques temps plus tard, Juan fait la connaissance de la troublante Doña Sol, la nièce du marquis de Muire, femme très belle à la chevelure étincelante. Elle l'envoûte totalement et il en tombe amoureux fou. A son contact, il délaisse son épouse, ses amis, et commence à ne plus guère s'intéresser à la Tauromachie. Dès lors, malgré les mises en garde de son entourage, Juan ne vit que dans l'ombre de la belle Dona Sol. Sa célébrité décline, ce qui provoque sa déchéance et bien sûr le départ de l'implacable séductrice. Elle l'abandonne au profit d'un rival dont l'étoile commence à briller plus que celle de Juan. Pour retrouver sa gloire, Juan doit oublier sa passion pour elle, retourner dans l'arène pour vaincre ou pour mourir.
- Oscar de la meilleure image pour Ernest Palmer/Ray Rennahan (1942).
- Une normination aux Oscars pour la meilleure direction artistique pour Richard Day, Joseph Wright et Thomas Little.
Mamoulian fit appel à toutes ses ressources pour améliorer la nouvelle version du roman de Blasco Ibanez. Il utilisa des effets de lumières afin de s'imprégner de l'ambiance des corridas. Avant le tournage il s'était adressé a de nombreux techniciens spécialisés d'une part dans le technicolor, d'autre part dans la tauromachie.
Chansons : Vicente Gomez (Romance de Amor, Sérénade) (Verde Luna, chantée par Doña Sol)
Pour s'imprégner de l'ambiance, Tyrone Power assista avec son épouse Annabella, à l'habillement et aux prières du grand Torero Mexicain Armellita. L'acteur fut acclamé lorsque le matador lui lança la montera en signe d'hommage. Après le succés d'Arènes Sanglantes, toutes les grandes firmes supplièrent Zanuck de leur préter Tyrone Power, qu'il gardait jalousement.
Concernant le rôle de Doña Sol, Zanuck pensa tout d'abord à Carole Landis. Cette dernière refusa, elle ne souhaitait pas se teindre en auburn ni interpréter un personnage antipathique et négatif. Zanuck et Mamoulian recherchaient une actrice à l'allure séductrice, digne d'incarner la beauté vénéneuse de Dona Sol. Le nom de Rita Hayworth vint alors tout naturellement à l'esprit de Zanuck, nom fortement soutenu par Mamoulian qui poussa Zanuck à la convoquer sur le champs. D'autres actrices furent auditionner, comme Maria Montez, pas moins d'une trentaine d'actrices dont les essais ne furent pas concluants. Zanuck mendia Rita Hayworth à Harry Cohn qui avait prété précedemment son actrice à la Warner et à la MGM. Dès lors Rita fut baptisée "Lady Loan out", puis "Lady Luck" portant chance aux studios qui l'embauchaient.
Le succès d'Arènes Sanglantes lance Rita Hayworth sur le plan International. Les couvertures des revues, des magazines et même les unes de quelques quotidiens lui sont consacrées; En quelques semaines son prestige envahit le monde et son visage lumineux est la grande révélation de cette fin d'année 1941.
La corrida est considéré comme un Art, existant depuis l'Antiquité. Les règles qui datent du XVIIème siècle ont été modifiées pour céder la place à de belles figures. Elle se déroule principalement en Espagne et dans les pays d'Amérique latine mais elle est également pratiquée dans le Sud de la France et au Portugal. Les matadors sont obligés de porter un costume, connu sous le nom de "Traje de Luces" (Habit de Lumières). La description du costume: Sur la tête, il porte la montera, vient ensuite la chaquetilla, la capote de paseo, la corbata et en bas, la muleta, las zapatillas, la espada, las medias. La couleur des costumes peut être choisie par le matador. Mais ils sont obligés de prendre la muleta rouge. La muleta sert aux dernières passes avant l'estocade. Le taureau pèse environ 500 kg. Le taureau est sélectionné comme taureau de combat, choisi notamment pour son agressivité, il vit en liberté dans son élevage. Comme le remarquent les aficionados qui défendent la corrida, il connaît une vie heureuse d'au moins quatre ans avant de combattre vingt minutes dans l'arène. La corrida, est un combat entre un taureau et une ou plusieurs personnes. Elle se déroule en public dans une arène selon des règles bien précises. Cette pratique onstitue un rituel avec mise à mort, le torero tente au péril de sa vie de manœuvrer un taureau et fait preuve de son courage en l'achevant proprement. Elle se déroule en trois phases appelées tercios. Pendant le première, ou tercio de vares, le matador, les picadores (lanciers à cheval) et les peones (assistants) fatiguent le taureau. Puis, lors de la deuxième phase, les banderillos lui plantent trois paires de banderillas entre ses épaules. Enfin, lors de l'estocade, le matador effectue des passes avec la muleta lors du dernier tercio, puis tuent le taureau d'un coup d'épée. Pour le tuer, le matador attend la charge du taureau au lieu de s'approcher de lui. L'estocada recibiendo est une mise à mort difficile.
Rouben Mamoulian déclare : "J'ai lu de très nombreux ouvrage de photographie, j'ai aussi étudié la peinture des grands artistes Espagnols comme Le Greco, Goya, Velazquez et Murillo. Je savais que le film ne serait pas tourné en Espagne, mais au Mexique, aussi je tenais à traduire devant l'écran l'authenticité de l'Espagne. Je n'étais jamais allé dans ce pays et il me fallait donc tout savoir par l'intermédiaire des livres et de la peinture. C'est d'ailleurs grâce aux tableaux de maitre que j'ai découvert les couleurs de ce pays."
Rita Hayworth déclare : "J'étais déjà connue aux Etats-Unis et dans quelques pays d'Amérique du Sud, mais en Europe personne ne connaissait mon nom. Avec Blood and Sand, je sais que cela a été le cas grâce aux milliers de lettres que j'ai commencé à recevoir, venant de France, d'Angleterre, d'Italie, d'Allemagne, et bien sûr, d'Espagne."
Dona Sol : Would you like Something ?
Carmen : Yes, my Husband.
Juan : What do you want ?
Dona Sol : Champagne!
Serveur : Champagne?
Juan : Si, champagne!
Phrase symbolique du film : Love flambed in the shadow of death...
Blood and Sand est à la fois un film romanesque et dramatique, basé sur le roman d'Ibanez, déjà repris en 1922 dans un film du même nom ayant pour vedette Rudolph Valentino. Arenes sanglantes traite d'un sujet très etranger à la mentalité américaine qui trouve les corridas sanguinaires et cruelles. Le sujet était risqué mais la fox fait de sa production de 1941 un chef d'œuvre en technicolor avec un choix d'acteurs bien étudié. Le jeune Juan nous est d'abord présenté comme un jeune homme énergique, à la volonté d'acier, il veut suivre les traces de son père et quelque part venger sa mort en étant lui-même un torero accompli.
Dès le début du film, alors qu'ils sont encore enfants, Juan et Carmen sont déjà amoureux, ce qui amplifie la nature du drame à suivre. Le technicolor, les couleurs flamboyantes caractéristiques de l'Espagne, les décors soigneusement étudiés nous plongent littéralement au cœur de l'histoire. La sérénade "Romance d'amour", calquée sur la musique de "jeux interdits" est une vraie merveille. Elle marque les retrouvailles entre Juan et Carmen, la demande en mariage de Juan, Carmen émouvante lorsqu'elle essaye devant le miroir son voile de mariée sous les yeux émerveillé d'un jeune matador amoureux. Le reproche qui fut fait à Tyrone Power, fut que sa beauté initiale éclipsait partiellement ses talents d'acteurs, qui reprirent finalement le dessus au cours du film. Le cérémonial entourant la préparation du matador, l'approche de l'entrée dans l'arène, la présence de Carmen qui prie pour son mari révèlent une atmosphère inquiétante, la mort est présente...Lorsque Juan dit qu'il a le goût de la mort dans la bouche avant d'entrer dans l'arène ou encore lorsqu'on voit sa mère prier pour lui, tout cela plonge le spectateur dans l'arène.
C'est le moment, dans cette ambiance lourde où rôde la mort, que choisi Mamoulian pour faire apparaitre Doña Sol, alors que Juan est entrain de prier pour sa vie, il va croiser le regard de l'implacable séductrice, qui sera l'instigatrice de sa mort. Le moment est lourd de sens, elle entre dans un silence pesant dans un lieu de prière, Juan se tourne, l'aperçoit et l'espace de quelques minutes est hypnotisé par elle. Les gros plans ont alors toute leur importance, Doña Sol sourit sans le quitter des yeux, alors que Juan, le visage grave, détourne son regard. Relation encore entre Dona Sol et la mort, lorsque Curro le journaliste dit en la voyant "Ici c'est la mort l'après midi, elle c'est la mort le soir". Gros plans également essentiels, lors de l'entrée dans l'arène, Juan la voit parmi des milliers de gens, on remarque son regard se figer, quant à elle, tout au long de la corrida le désir d'accaparer Juan est palpable, ses regards, son geste lorsqu'elle serre jalousement la "Montera" qu'il lui lance contre son cœur. Juan dédie le taureau "à la beauté des femmes d'Espagne", dès lors, la magie Doña Sol a fait son effet, Juan est pris au piège.
La séquence mémorable reste tout de même la "chorégraphie" de Dona Sol et de Juan mimant le matador et le taureau. Avec des gestes étudiés, la belle Dona Sol en matador apprivoise le taureau juan, qu'elle tue ensuite...C'est incontestable, la scène montre la dangereuse emprise de Dona Sol sur Juan. Elle l'envoûte, l'empêche ensuite de l'embrasser. La séduction est aussi à l'extreme, lorsqu'elle joue de la guitare en chantant "Verde Luna" dans une magnifique robe dessinée par Banton Travis, la mettant en valeur, une pure merveille. Ce rôle est pour Rita Hayworth la continuité de celui qu'elle avait obtenu dans "The Strawberry Blonde" auprès de James Cagney. Le rôle de séductrice vénéneuse, de tentatrice sans cœur, lui va à ravir, Zanuck qui voulait mettre en avant les couleurs du technicolor, souhaitait une très belle femme, à la chevelure auburn, aussi Rita était le portait type idéal. Ses attitudes altières, son allure nonchalante, son charme électrique font sensation et Mamoulian ne fut pas étonné lorsque plus tard, elle devint l'une des femmes fatales les plus populaires du cinéma.
Pris au piège des beaux yeux de Doña Sol, Juan délaisse son épouse et se met à mentir...Linda Darnell dans le rôle de Carmen est irremplaçable, elle joue la douce épouse délaissée à merveille, celle qui aime malgré tout Juan, le seul homme qu'elle ait connu. Le vice est poussé à l'extrême, lorsqu'elle va voir Dona Sol, "l'affrontement" des deux femmes, d'un côté la maitresse, de l'autre l'épouse, mais aussi affrontement de deux mondes opposés, la richesse et la pauvreté. La cruelle Dona Sol, embrasse Juan devant son épouse, ce qui provoque la séparation du couple, Carmen quitte Juan, mais ne cesse de l'aimer. La dernière partie du film symbolise le déclin de Juan, entre les mains de Dona Sol il n'est que marionnette, si bien qu'elle se lasse de son "jouet", scène marquée par la paso Doble qu'elle danse avec Manolo, le rival de Juan. Anthony Quinn joue l'ami d'enfance de Juan, qui l'a toujours jalousé et lui vole Dona Sol puis la vedette dans l'arène. A noter aussi la discrete présence de Alla Nazemova comme la mère de Juan, effrayée à l'idée que son fils meure dans l'arène. La musique d'Alfred Newman donne le ton et signe l'émotion du film. La fin est dramatique, Juan se rend compte qu'il aime Carmen, elle le pardonne, il décide d'arreter les corridas, hélas, il est déjà trop tard, le destin de Juan est écrit...Le film se termine sur une image marquante, le sang rouge sur le sable et les clameurs du public derrière.
Pour en savoir plus sur Rita Hayworth, vous pouvez consulter un site qui lui entièrement dédiée : Rita Hayworth
Pour en savoir plus sur Tyrone Power, vous pouvez consulter sur ce même site : Tyrone Power