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Titre original : Casablanca Sortie US : 1942 (Première à New-York : 26 novembre 1942) Durée : 102 min (1 h 42) Langues : Anglais, Français, Allemand Warner Bros. Pictures Noir et blanc
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Le CastingHumphrey Bogart ... Rick Blaine Ingrid Bergman ... Ilsa Lund Paul Henreid ... Victor Laszlo Claude Rains ... Capitaine Renault Conrad Veidt ... Major Strasser Sydney Greenstreet ... Señor Ferrari Peter Lorre ... Ugarte S.Z. Sakall ... Carl Madeleine LeBeau ... Yvonne Dooley Wilson ... Sam, le pianiste Joy Page ... Annina Brandel John Qualen ... Berger Leonid Kinskey ... Sascha Curt Bois ... Pickpocket |
Equipe du filmRéalisateur : Michael Curtiz Scénaristes : Murray Burnett, Joan Alison, Julius J. Epstein, Philip G. Epstein et Howard Koch Producteurs : Charles K. Feldman Musique : Alex North Image : Harry Stradling Sr. Montage : David Weisbart Direction Artistique : Richard Day Décors : George James Hopkins Costumes : Orry-Kelly Maquillage :Perc Westmore Effets spéciaux : Lawrence W. Butler et Willard Van Enger |
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, l'Amérique est pour l'Europe asservie le symbôle de la liberté. Lisbonne est le port d'embarquement vers le Nouveau Monde et vers l'espoir. Mais l'accès direct au Portugal est pratiquement impossible et ceux qui fuient l'oppresion nazie doivent emprunter des chemins détournés. Paris, Marseille puis la Méditerrannée jusqu'à Oran. De là, ils doivent gagner Casablanca en contournant le Maroc Espagnol, en chemins de fer, en voitures ou à pieds. Et là, ce qui ont les moyens ou de la chance peuvent obtenir leur visa pour le Portugal et de là, gagner les Amériques. Mais les pauvres où les malchanceux attendent à Casablanca des jours, des semaines, des mois...
1942. Le Major Strasser, important dignitaire allemand, arrive à Casablanca (en France non-occupée) pour enquêter sur l'assassinat de deux émissaires nazis. Il demande pour son investigation le soutien et l'aide du capitaine Renault, chef de la police locale, attaché au régime de Vichy. Pour Renault, la réponse à cette énigme ne peut se trouver qu'au Rick's (un café Américan) détenu par l'Américain en exil et ancien opposant aux fascites en Ethiopie et en Espagne, Rick Blaine. Le Rick's est le lieu de rendez-vous d'une foule cosmopolite et sert également de refuge à ceux qui veulent se procurer les papiers nécessaires pour quitter le pays.
Miné par un chagrin d'amour, Rick est devenu un homme désenchanté et opportuniste qui affecte désormais un complet détachement vis-à-vis de la situation internationale. Il affiche sa totale neutralité en laissant libre cours à des trafics dans son établissement ou en refusant d'apporter son aide pour la capture des meurtriers des deux émissaires nazis.
Un soir, Rick voit débarquer dans son établissement le dissident politique Victor Laszlo et son épouse Ilsa. Alors que Victor est ici avec le désir de récupérer les papiers dérobés aux deux nazis tués, Ilsa se trouve être la femme qu'avait connu Rick avant l'occupation de Paris par le IIIème Reich, la femme qu'il avait tant aimée et qu'il l'avait quitté sans la moindre explication. Les vieux souvenirs ressurgissent et conduisent Rick à se réengager dans sa bataille contre le nazisme. Il apporte son soutien à Lazlo, le chef réputé de la Résistance, échappé d'un camp de concentration, pour que celui-ci puisse quitter le pays. Les sentiments de Rick pour Ilsa sont toujours présents et réciproquement mais Rick choisit de sacrifier l'amour de sa vie en l'incitant à partir pour les Etats-Unis avec son mari plutôt que de rester avec lui. Le Major Strasser est assassiné par Rick alors que celui-ci, furieux, vient de découvrir que Laszlo s'est envolé pour Lisbonne. De toute évidence, avec la complicité du Capitaine Renault, Rick décide de nouveau de se battre du côté des alliés...
Oscar du meilleur film remporté en 1943 (reçu par le producteur Hal B. Wallis)
- Oscar du meilleur réalisateur pour Michael Curtiz (1943)
- Oscar du meilleur scénario pour Julius J. Epstein, Philip G. Epstein et Howard Koch (1943)
- Cinq autres nominations aux oscars (une nomination de meilleur acteur pour Humphrey Bogart, une nomination de meilleur second rôle masculin pour Claude Rains, une nomination de meilleure photographie noir et blanc pour Arthur Edeson, une nomination du meilleur montage pour Owen Marks et enfin une nomination de la meilleure musique pour Max Steiner.
- Première sortie en salle en France de Casablanca : 23 mai 1947.
- Casablanca est l'adaptation de la pièce Everybody comes to Rick. Celle-ci écrite en 1938 par Murray Burnett et sa femme Joan Allison leur est inspirée par la rencontre d'émigrés fuyant le régime nazi.Début 1942, les droits de l'ouvrage sont achetés par la Warner Bros pour 20 000 dollars, le montant le plus élevé payé jusqu'alors pour une pièce inédite. Aeneas Mackenzie et Wally Kline commencent à travailler sur le scénario avant d'être rapidement remplacés par Julius J. Epstein et Philip G. Epstein. Ils finissent le premier tiers du script et suggèrent Claude Rains et Ingrid Bergman pour le casting. Humphrey Bogart est déjà rattaché au projet. Quelques jours plus tard, les deux frères reçoivent de l'aide d'Howard Koch. Ce dernier étoffe la dimension politique et morale du film. Le producteur Hal B. Wallis souhaitant mettre en valeur la relation amoureuse entre ses deux interprètes principaux envoie le scénario à Casey Robinson qui étoffe cette dimension de l'histoire. Le tournage commence alors fin mai sans que le script soit terminé.
- Film politiquement engagé du côté des alliés, Casablanca a été produit par la Warner. Depuis les années trente, le studio était très ouvert à des sujets sociaux. Pendant la guerre, la Warner était également très engagée.
- Le tournage de Casablanca a été très difficile. Le scénario s'écrivait au jour le jour au grand mécontentement des comédiens. Humphrey Bogart et Michael Curtiz se disputaient souvent. Le comédien devait également subir les colères quotidiennes de sa femme qui pensait qu'il avait une liaison avec Ingrid Bergman.
- Casablanca est le rôle déterminant qui permet à Humphrey Bogart, 42 ans, d'accèder au statut de star internationale. Le comédien quitte les rôles de détectives ou de gangsters qu'ils tenaient habituellement pour se transformer en héros romantique.
- Lors du lancement du projet Casablanca, Ann Sheridan et Ronald Reagan étaient annoncés comme les possibles interprètes du film. La Warner essayait seulement de faire parler de ces deux acteurs dont les noms ne circulaient plus dans la presse. Pour le rôle de Rick, Humphrey Bogart a été rapidement contacté. George Raft s'est montré très intéressé par le rôle mais n'a jamais réussi à convaincre les studios. Michèle Morgan demandait 55 000 $ pour le rôle d'Ilsa mais Wallis a refusé de payer cette somme alors qu'il pouvait avoir Ingrid Bergman pour 25 000 $. Hedy Lamarr aurait également été approchée pour ce rôle mais elle était liée par contrat à la MGM et ne souhaitait pas travailler sur un projet sans connaître l'intégralité du scénario à l'avance.
- Limité au niveau du budget, l'équipe de Casablanca ne pouvait pas avoir un véritable avion dans la scène finale. A la place, ils ont utilisé du carton avec comme équipage des nains pour donner l'illusion d'un appareil de taille réelle.
- Ecrit au jour le jour au moment même du tournage, le scénario ne disait pas lequel des deux hommes Ilsa choisirait à la fin. Désorientée par cette incertitude, Ingrid Bergman demanda conseil à Michael Curtiz qui lui répondit de "le jouer entre les deux". Ce n'est que deux semaines avant la fin du tournage que la décision fut finalement prise.
- Casablanca n'a pas pu sortir en Allemagne pendant la guerre. Le film était considéré par les autorités comme une œuvre de propagande anti-nazie. Après la fin de la guerre, casablanca fut enfin projeté en Allemagne mais avec 20 minutes de coupes. Toutes les références au nazisme et le personnage du Major Heinrich Strasser ont ainsi été supprimés.
- Michael Curtiz et Humphrey Bogart ont tourné sept films ensemble.
- Wallis a pensé faire de Sam un personnage féminin. Hazel Scott, Lena Horne et Ella Fitzgerald étaient de possible "Sam".
- Paul Henreid a été prêté contre sa volonté à la Warner pour tenir le rôle de Victor Lazlo par Selznick International avec qui il était lié par contrat. Le comédien craignait que ce rôle secondaire dramatique brise sa carrière de jeune premier romantique.
- Le pianiste Sam est interprété par Dooley Wilson. La spécialité de cet acteur afro-américain était pourtant la batterie. Dans Casablanca, il ne fait que semblant de jouer du piano. L'acteur devait copier les mouvements de main d'Elliot Carpenter qui interprétait les vrais morceaux derrière un rideau.
- Warner Brothers avait l'intention d'utiliser le principal chant du parti nazi, "Horst Wessel" avant de se heurter à des problèmes de droits. Le studio a finalement décidé de se contenter du moins connu "Die Wacht Am Rhein".
- Pour interpréter les rôles de nazis, l'équipe du film a notamment fait appel à plusieurs juifs qui ne pouvaient que se sentir concernés par la gravité du sujet.
- Le "Rick's Café American" est inspiré de l'hôtel El Minzah à Tanger.
- Joy Page qui joue Annina Brandel, la réfugiée bulgare, dans Casablanca est la belle-fille de Jack L. Warner, le chef du studio hollywoodien.
- Quelques temps après la sortie de Casablanca, Humphrey Bogart, Ingrid Bergman et Paul Henreid reprennent leurs rôles pour une version radio du film au bénéfice des fonds de guerre américains.
- Le film fut tourné en seulement 59 jours.
- Humphrey Bogart fut payé 36 000 $ pour interpréter Rick Blaine.
Ugarte : You know, Rick, I have many a friend in Casablanca, but somehow, just because you despise me, you are the only one I trust.
Berger : We read five times that you were killed, in five different places.
Victor Laszlo : As you can see, it was true every single time.
Capitaine Renault : In 1935, you ran guns to Ethiopia. In 1936, you fought in Spain, on the Loyalist side.
Rick : I got well paid for it on both occasions.
Capitaine Renault : The winning side would have paid you much better.
Annina : Monsieur Rick, what kind of a man is Captain Renault ?
Rick : Oh, he's just like any other man, only more so.
Capitaine Renault : Rick, there are many exit visas sold in this café, but we know that you've never sold one. That is the reason we permit you to remain open.
Rick : Oh ? I thought it was because I let you win at roulette.
Capitaine Renault : That is another reason.
Rick : Tell me, who was it you left me for ? Was it Laszlo, or were there others in between ? Or - aren't you the kind that tells ?
Ferrari : As the leader of all illegal activities in Casablanca, I am an influential and respected man.
Rick : Don't you sometimes wonder if it's worth all this ? I mean what you're fighting for.
Victor Laszlo : You might as well question why we breathe. If we stop breathing, we'll die. If we stop fighting our enemies, the world will die.
Rick : Well, what of it ? It'll be out of its misery.
Victor Laszlo : You know how you sound, Mr. Blaine ? Like a man who's trying to convince himself of something he dœsn't believe in his heart.
[Rick et Renault discutant des chances de Laszlo de quitter Casablanca]
Capitaine Renault : This is the end of the chase.
Rick : Twenty thousand francs says it isn't.
Capitaine Renault : Is that a serious offer ?
Rick : I just paid out twenty. I'd like to get it back.
Capitaine Renault : Make it ten. I'm only a poor corrupt official.
Yvonne : Where were you last night ?
Rick : That's so long ago, I don't remember.
Yvonne : Will I see you tonight ?
Rick : I never make plans that far ahead.
Capitaine Renault : What in heaven's name brought you to Casablanca?
Rick : My health. I came to Casablanca for the waters.
Capitaine Renault : The waters ? What waters ? We're in the desert.
Rick : I was misinformed.
Rick : I stick my neck out for nobody.
Major Strasser : What is your nationality ?
Rick : I'm a drunkard.
Capitaine Renault : That makes Rick a citizen of the world.
Rick : I'm the only cause I'm interested in.
Capitaine Renault : No matter how clever he is, he still needs an exit visa... or I should say two ?
Rick : Why two ?
Capitaine Renault : He is traveling with a lady.
Rick : He'll take one.
Capitaine Renault : I think not. I have seen the lady.
Rick : I congratulate you.
Victor Laszlo : What for ?
Rick : Your work.
Victor Laszlo : I try.
Rick : We all try. You succeed.
Major Strasser : We have a complete dossier on you: Richard Blaine, American, age 37. Cannot return to his country. The reason is a little vague. We also know what you did in Paris, Mr. Blaine, and also we know why you left Paris. [tend le dossier à Rick] Don't worry, we are not going to broadcast it. Rick : [lisant le dossier] Are my eyes really brown ?
Ferrari : Might as well be frank, monsieur. It would take a miracle to get you out of Casablanca, and the Germans have outlawed miracles.
Rick : Of all the gin joints, in all the towns, in all the world, she had to walk into mine.
Capitaine Renault : Major Strasser has been shot. Round up the usual suspects.
Ilsa : Who is Rick ?
Capitaine Renault : Mamoiselle, you are in Rick's ! And Rick is...
Ilsa : Who is he ?
Capitaine Renault : Well, Rick is the kind of man that... well, if I were a woman, and I were not around, I should be in love with Rick. But what a fool I am talking to a beautiful woman about another man.
Rick : You'll excuse me, gentlemen. Your business is politics, mine is running a saloon.
Rick : If it's December 1941 in Casablanca, what time is it in New York ?
Sam : My watch stopped.
Ugarte : Well, Rick, after tonight, I'll be through with the whole business and I am leaving finally this Casablanca.
Rick : Who did you bribe for your visa ? Renault or yourself ?
Ugarte : Myself. I found myself much more reasonable.
Capitaine Renault : [Rick regardant Ilsa] She was asking about you earlier in a way that made me very jealous...
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Septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne. Très vite, l'Angleterre et la France entrent en guerre contre le IIIème Reich. Puis, progressivement, le temps passant, les tensions s'étendent et la guerre devient mondiale avec l'entrée des Etats-Unis dans le conflit à l'aube de l'année 1942. Hollywood ne peut rester indifférent face à cette page noire de l'Histoire qui s'écrit sous ses yeux et c'est ainsi que les plus illustres cinéastes de la capitale internationale du septième art, des cinéastes comme Charles Chaplin, Alfred Hitchcock, Ernst Lubitsch ou Fritz Lang pour ne citer qu'eux, produisent des films sur la Seconde Guerre Mondiale. Toutefois, les grands du cinéma ne sont pas les seuls à s'atteler à cette tâche et c'est de cette façon qu'un réalisateur hongrois du nom de Michael Curtiz, sous estimé jusqu'alors, n'ayant été choisi que dans l'optique qu'il apporte une touche européenne à la production, se lance lui aussi à réaliser un film sur ce sujet délicat. Ce film, c'est Casablanca ; Casablanca, ce film mythique dont chacun a dû entendre parler au moins une fois, même sans l'avoir vu.
Voué initialement à l'échec (à cause d'ennuis de production notamment), Casablanca s'impose néanmoins comme un classique incontournable ; un chef d'œuvre pour beaucoup. Il est même généralement reconnu par l'American Film Institute comme l'un des meilleurs films de toute l'histoire du cinéma (après le Citizen Kane d'Orson Welles). Bien sûr, les détracteurs de Casablanca diront qu'il s'agit là surtout d'un de ces films moralisateurs à tendance propagandistes dont les Etats-Unis aiment à produire. Pourtant, bien que Michael Curtiz ait effectivement réalisé un film de propagande antinazie, c'est indéniable, Casablanca ne se résume pas seulement à cela. Tourné pendant le conflit, il apparaît comme le film le plus original et le plus subtil traitant ce sujet. Techniquement, il est vrai que Casablanca est un film plutôt "ordinaire", rien de bien révolutionnaire dans la réalisation bien menée certes (les mouvements de caméra et cadrages apportent une certaine atmosphère mystérieuse) mais sobre de Curtiz (Si ce n'est pour lui l' "enfermement" dans le décor d'un huit clos haletant alors qu'il était plus habitué aux grands espaces).
La mise en scène est en tout cas fluide : on passe aisément "d'une intrigue à une autre". J'entends par là la parfaite compréhension des différentes situations qui s'entremêlent tout au long du film (la romance Rick/Ilsa, la situation politique, l'avancement de l'enquête sur l'assassinat des deux émissaires nazis, l'histoire des passes droits ou encore l'évolution personnelle du personnage de Laszlo, le résistant tchécoslovaque).
Ce qui est intéressant, pour moi, avant d'a les personnages, est le contexte. Contrairement à beaucoup de films ou livres se situant en pleine Seconde Guerre Mondiale, ce classique offre la particularité de voir l'action se dérouler dans un pays africain, dans une ville déchirée entre l'administration de Vichy et le régime nazi. Généralement, quand la Seconde Guerre Mondiale est évoquée, on parle de l'Europe, des Etats-Unis ou de l'Asie donc j'ai trouvé l'idée d'a un point de vue auquel beaucoup ne s'attarde pas forcément remarquable. Du coup, une vision juste, à l'échelle humaine, du conflit mondial nous est soumise avec subtilité.
Les personnages maintenant
: la grande force du film. C'est à travers eux qu'éclatent
des sentiments parmi les plus nobles et les plus vibrants de l'âme
humaine.
Le personnage de Bogart,
Rick, est complexe. Aidera-t-il ou non Laszlo ? Reconquérra-t-il
sa maîtresse ? Jusqu'au bout, le suspense demeure (et pour cause
si on considère que la fin définitive où Ilsa part
avec Victor n'a été décidé que quinze jours
avant la fin du tournage). D'un point de vue extérieur, Rick paraît
froid, dénué de sentiments et volontairement distant puisqu'il
ne prend position ni pour, ni contre le nazisme, se revendiquant 100% neutre,
un "citoyen du monde". Mais Rick a beau être dur et
cynique, il n'en reste pas moins blessé dans son orgueil comme dans
son cœur dès qu'il s'agit de son ex-relation avec Ilsa. C'est la
raison pour laquelle nous assistons finalement à une progressive
réhumanisation d'un homme blessé par un mal qui transcende
tout, l'amour. L'amour dont je parle ici est bien entendu l'amour de Rick
pour Ilsa, cette femme qu'il a connu à Paris avant sa venue à
Casablanca, cette femme qu'il a profondément aimé et qu'il
l'aimait en retour bien qu'elle l'ait abandonné sans un mot d'explications.
A posteriori, on sait le pourquoi de son abandon et on ne peut dire qui
elle aime le plus entre Rick et son mari qu'elle croyait mort dans un camp.
Ilsa est un personnage torturé en fin de compte. Mais le personnage
le plus humain, le plus "vrai" selon moi, est Laszlo. Ses
prises de position, le passé dans un camp de concentration, l'humanité
qu'inspire ce personnage a retenu toute mon attention. En définitif,
on peut dire que le film s'axe sur un trio amoureux. Les décisions
de chaque personnage condamnent toujours un des deux personnages qui restent,
forcément.
Cependant, Casablanca
ne repose par entièrement sur ce trio amoureux. Que serait Casablanca
sans le Capitaine Renault ? Le Major Strasser ? Sam ? Le Capitaine Renault
est la représentation d'un nombre non négligeable d'individus
de l'époque : pas vraiment adepte du régime de Vichy, il
s'y soumet cependant, tout en en tirant parti. Il n'est guère déranger
par l'idée de servir Pétain car comme il le dit lui-même
: il suit le vent. Le Major Strasser est lui l'incarnation de l'autorité
allemande quant à Sam, le pianiste, y crée toute l'ambiance
planant au Rick's. Sam apparaît peu de temps à l'écran
mais il est parfaitement inoubliable ! Il est en outre "le trait
d'union" entre Rick / Ilsa - Paris / Casablanca.
Aux personnages d'exceptions du scénario s'associent une interprétation pertinente. Humphrey Bogart trouve ici un de ses plus beaux rôles et révèle de véritables qualités dramatiques. Bien sûr, il ne déroge pas à ses habitudes : son jeu efficace d'un Rick désabusé repose essentiellement sur sa sobriété et sa simplicité. Ingrid Bergman est elle aussi convaincante, touchante quand on la sent aux bords des larmes, troublante quand on la sent perdue. Le critique Roger Ebert qualifie Ingrid Bergman de "lumineuse" et commente l'alchimie entre elle et Bogart ainsi : "Elle peint le visage de Bogart avec ses propres yeux"... Claude Rains a juste ce qu'il faut de légèreté dans l'interprétation du Capitaine Renault ; Conrad Veidt est aussi glacial et distant qu'aurait pu l'être un vrai dirigeant nazi et enfin Paul Henreid, trop "raide" pour certains en tant que résistant, laisse tout de même filtrer dans son jeu toute l'humanité de son personnage.
Par ailleurs, ce qui fait
aussi la particularité de Casablanca est un scénario
"bien dialogué". En 2005, lors d'un classement
des 100 meilleures répliques de l'Histoire du cinéma par
l'American Film Institute, le film récolte le plus grand nombre
de mentions, soit six citations :
Rick : "Here's
looking at you, kid"
Rick : "Louis,
I think this is the beginning of a beautiful friendship"
Ilsa : "Play
it, Sam. Play As Time Gœs By"
Renault : "Round
up the usual suspects"
Rick : "We'll
always have Paris"
Rick : "Of all
the gin joints in all the towns in all the world, she walks into mine"
Le producteur de ce spécial de l'American Film Institute, Bob Gazzale, s'attendait même à ce qu'une réplique de Casablanca chapeaute la liste (Mais une fois tous les votes comptés, la dernière riposte de Rhett Butler à Scarlett O'Hara dans Gone With the Wind est devenue incontournable)
Concernant les moments
les plus forts du film, pour ma part, la fin est inéluctable dans
ce domaine. Une très belle fin avec juste ce qu'il faut qui la rend
à la fois tragique mais aussi porteuse d'espoir, une fin somme toute
intrigante pour le couple Rick/Ilsa.
J'ai aussi particulièrement
apprécié la célèbre scène de la Marseillaise
où l'hymne de notre pays recouvre le chant hitlérien. Les
paroles de la Marseillaise prennent tout leur sens dans cette "confrontation
".
Enfin, j'ai gardé
en mémoire le geste symbolique du Capitaine Renault jetant à
la poubelle sa bouteille d'eau de Vichy. Il semble décider à
ne plus cautionner le régime de Pétain.
Avant de conclure, j'exprime quand même une petite déception. La ville de Casablanca n'est jamais filmée (le film a été tourné aux Etats-Unis) et la reconstitution ne se limite qu'à quelques plans au début du film. C'est un peu dommage...
En guise de conclusion, je terminerais en disant que Casablanca est un mélange des genres. C'est à la fois une belle histoire d'amour, un film politiquement engagé, un mélodrame exotique, un film de guerre... Sur ce, as time gœs by !
Pour en savoir plus sur Humphrey Bogart, vous pouvez consulter sur ce même site : Humphrey Bogart