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Titre original :The Barefoot Contessa Sortie US : 1954 (Première le 29 septembre 1954) Durée : 128 min (2 h 08) Langue : Anglais, Espagnol et Italien Figaro Incorporated Couleur (Technicolor)
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Le CastingHumphrey Bogart ... Harry Dawes Ava Gardner ... Maria Vargas Edmond O'Brien ... Oscar Muldoon Marius Goring ... Alberto Bravano Valentina Cortese ... Eleanora Torlato-Favrini Rossano Brazzi ... Comte Vincenzo Torlato-Favrini Elizabeth Sellars ... Jerry Warren Stevens ... Kirk Edwards Franco Interlenghi ... Pedro Vargas Mari Aldon ... Myrna Bessie Love ... Mme Eubanks Diana Decker ... Femme blonde ivre Bill Fraser ... J. Montague Brown Alberto Rabagliati ... Propriétaire du night-club Enzo Staiola ... Garçon du bus |
Equipe du filmRéalisateur : Joseph L. Mankiewicz Scénariste : Joseph L. Mankiewicz Producteurs : Robert Haggiag, Angelo Rizzoli et Franco Magli Musique : Mario Nascimbene Image : Jack Cardiff Son : Charles Knott Montage : William Hornbeck Décors : Arrigo Equini Costumes : Fontana |
Sous la pluie, dans un cimetière de la Riviera italienne, une foule compacte rend un dernier hommage à la Comtesse Torlato-Favrini aussi connue pour être la comédienne Maria d'Amata, de son vrai nom Maria Vargas. Harry Dawes, réalisateur, scénariste et ami très proche de Maria se souvient...
Kirk Edwards, producteur hollywoodien, Oscar Muldoon, chargé des relations publiques pour le compte de Kirk Edwards, Harry Dawes, cinéaste sur le déclin, et une starlette sont à la recherche d'un nouveau visage pour une future production. Ce nouveau visage, ce sera la farouche, belle et mystérieuse Maria Vargas, une jeune danseuse de flamenco d'un cabaret miteux madrilen... Par sa finesse, Harry l'a convainc, malgré l'opposition de ses parents et malgré ses propres doutes à elle, de quitter l'Espagne pour venir tenter sa chance à Hollywood. Cette jeune femme, issue des bas quartiers, va se retrouver du jour au lendemain sous les feux de la rampe, star glorifiée et adulée.
Harry, devenu son principal confident, gère au mieux la carrière et les manques de rigueurs de cette beauté qui souffre d'un besoin de liberté constant et qui ne se sent pas à sa place dans ce monde du spectacle qui la dépasse et l'ennuie. Courtisée par beaucoup d'hommes, les aventures sans lendemain se succèdent. Elle fréquente un milliardaire chilien du nom d'Alberto Bravano mais elle reste cependant insatisfaite et poursuit le rêve un peu fou de rencontrer un jour le prince charmant.&
Il se présentera sous l'aspect du comte Torlato-Favrini qui intervient à bon escient lors qu'un soir, Alberto Bravano insulte un étranger au groupe. Le comte Torlato-Favrini s'approche alors de Bravano, le gifle et sort au bras de Maria. Cette dernière semble apaisée et conquise par la quiétude d'un avenir protecteur lorsque le comte décide de l'épouser. Mais ce bonheur sera de courte durée, le destin en ayant décidé autrement. A cause d'une blessure de guerre, le comte est devenu impuissant et son union avec Maria ne sera jamais consommée. Maria décide alors de prendre un amant pour offrir à son mari le fils dont il a toujours rêvé. Mais le comte surprendra les amants et tuera Maria d'un coup de revolver...
Le film s'achève sur l'éclaircissement du ciel au-dessus du cimetière italien. Le comte repart entre deux gendarmes sous l'œil de Dawes. Demain celui-ci retourne tourner un autre film. Une page est tournée, Maria Vargas n'est certes plus mais la vie continue...
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Oscar du meilleur second rôle masculin pour Edmond O'Brien
- Nomination de meilleur
histoire et meilleur scénario pour Joseph L. Mankiewicz
- Golden Globe du meilleur second rôle masculin remporté par Edmond O'Brien en 1955
- Nomination du meilleur écrivain dramatique américain pour Joseph L. Mankiewicz en 1955 aux Writers Guild of America
- Avant de travailler avec Joseph L. Mankiewicz, le chef opérateur anglais Jack Cardiff, avait déjà éclairé Ava Gardner dans "Pandora", le film qui révéla sa beauté au monde entier, ainsi que Humphrey Bogart dans "The African Queen" (L'Odyssée de l'African Queen).
- "The Barefoot Contessa" étant un film sur les coulisses du cinéma, Joseph L. Mankiewicz a du déclarer qu'aucun des personnages n'était réel. En effet, il a été accusé de s'être inspiré de Howard Hughes pour le personnage du producteur Kirk Edwards, un nabab antipathique. Cependant, malgré qu'il s'agisse d'un film fictif, le personnage principal féminin fut inspirée par l'histoire personnelle de Rita Hayworth. Le rôle de Maria Vargas lui fut d'ailleurs proposé, elle le refusa, ne désirant pas tournée sa "propre" biographie.
- "The Barefoot Contessa" est la seconde collaboration de Edmond O'Brien avec Joseph L. Mankiewicz. Le réalisateur l'avait déjà dirigé l'année précédente dans "Julius Ceasar" (Jules Cesar) où O'Brien jouait Casca, un des conjurés.
- "The Barefoot Contessa" est le premier film de Joseph L. Mankiewicz en tant que producteur indépendant. Il avait réalisé auparavant des films pour la 20th Century-Fox et pour la Metro-Goldwyn-Mayer tel que le célèbre "All about Eve" (Eve) avec Bette Davies. Il créa donc sa propre société de production pour faire ce film, un conte de fée moderne, "une version amère de Cendrillon, comme le dit Mankiewicz, où le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin."
- Linda Darnell fréquentait le réalisateur Joseph L. Mankiewicz mais elle mit fin à leur relation quand il refusa de la faire auditionner pour le rôle de Maria Vargas.
- Liz Taylor était également intéressée par le rôle de Maria Vargas.
Harry Dawes : "Life, every now and then, behaves as though it had seen too many bad movies, when everything fits too well - the beginning, the middle, the end - from fade-in to fade-out.
Alberto Bravano : [à Kirk Edwards] How many millions have you in tax-exempt bonds, and oil wells whose power of production your government so generously protects, while it denies similar benefits to the human brain ?
Maria
Vargas : In Hollywood, it is not easy to become
a star.
Harry
Dawes : Ah, where is it easy ?
Alberto Bravano : To make a hundred dollars into a hundred and ten dollars - this is work. To make a hundred million into a hundred and ten million, this is inevitable.
Blonde
ivre : [à propos de Maria Vargas] She
hasn't even got what I've got.
Jerry : What she's got you couldn't spell - and
what you've got, you used to have.
Tout commence dans un cimetière en Italie lors de l'enterrement d'une Comtesse et star hollywoodienne. On ignore tout d'elle et c'est pourtant sur son histoire que repose entièrement le film. Aussi, est-ce à travers de multiples flash-back que nous allons la découvrir peu à peu. Chaque flash-back est commenté par un narrateur. Il y a trois narrateurs, trois hommes ayant été au contact de Maria, plus un quatrième narrateur, Maria elle-même, répartis en huit flash-back. L'idée des flash-back et des diverses narrateurs (qui donnent ainsi chacun leur vision sur une même femme par rapport à leur situation propre) est bien exploitée. C'est très clair, un plan au cimetière étant à chaque fois fait sur le narrateur qui va entrer en scène pour le prochain flash-back. Mankiewicz va même jusqu'à multiplier les retours en arrières puis en avant, engageant le récit dans de sinueux détours, enchaînant des flash-back dans les flash-back. Procédé brillant et intelligent, le spectateur passe ainsi de la pauvreté aux paillettes hollywoodiennes, de la légèreté de la Jet Set aux grandes tragédies de l'existence humaine.
Maria est un personnage
secret et mystérieux, assez insaisissable. Elle est sensuelle et
assurée de ses charmes mais fragile malgré tout. Autour d'elle
gravite pas mal d'hommes, elle est pourtant inaccessible à tous
car prisonnière de sa fulgurante beauté.
Harry Dawes : Cinéaste,
il est un ami de Maria. On le sent user et las. Il est las de la vie en
général, du milieu hollywoodien plus particulièrement.
Il est intelligent et doux, et se montre comme un parfaite contraste de
Maria dans le sens où elle vit dans le rêve, lui dans la réalité.
Oscar Muldoon : chargé
des relations publiques, il évolue de façon positive au cours
du film. D'abord ridicule (on se souvient de cet homme dégoulinant
de sueur se faisant rabrouer par Maria Vargas), il devient au fur et à
mesure un personnage profond.
Alberto Bravano et Kirk
Edwards : ils servent à la critique des riches qui pensent que l'argent
leur donne tous les droits.
Le comte : il est l'incarnation
d'une aristocratie déclinante dont la vie pourrait s'apparenter
à celle d'un antihéros. Il reste, cependant, profondément
humain.
Bien qu'il s'agisse d'une fiction, il a été dit - et on ne peut que le constater - que "The Barefoot Contessa" a été basé sur des éléments biographiques de la vie de Rita Hayworth. En effet, les origines espagnoles, la danse, le changement de nom et de look de Maria (on pense ici au moment où Rita Hayworth a teint ses cheveux sombres en auburn et a été traité à l'électrolyse. Ici, dans le film, le changement de look passe par la nouvelle coupe de cheveux de Maria), les problèmes familiaux et sentimentaux de l'héroïne qui cherche son prince charmant ; tout est en concordance avec la propre vie de l'interprète de Gilda. Il y a similitude de personnages entre Kirk Edwards et Harry Cohn, le directeur de la Columbia pour laquelle travaillait Rita Hayworth entre Alberto Bravano et Eddy Judson, le premier mari de l'actrice... Enfin, Maria se sent mal dans ce milieu qui ne lui correspond pas et tout, comme Rita, elle préférait les petites gens et les roulottes aux palais et rendez-vous mondains.
En dehors des personnages, on peut apprécier au travers du film la mise en valeur, de façon peu élogieuse, de trois mondes différents : le milieu hollywoodien, la Jet Set et l'aristocratie. Trois portraits qui font grincer des dents les adeptes de ces micros sociétés. Le centre de l'histoire reste tout de même les mystères du cœur de Maria. Elle évolue dans des mondes bien différents de celui dans lequel on la découvre au début du film, fini les ghettos espagnols, mais il n'en reste pas moins vrai que sa courte vie n'aura été que frustration et désillusion. Un certain côté "Cendrillon" ressort de cette existence tragique. Maria trouvera-t-elle le prince qui lui remettra son soulier ?
Pour ce qui est de l'interprétation
des acteurs. Humphrey Bogart, flegmatique, se révèle en parfaite
adéquation avec son personnage désillusionné mais
humain, tout particulièrement lors des courtes scènes au
cimetière. Sa simple apparition en imperméable sous la pluie,
le timbre de sa voix désabusé, le confirme au Panthéon
des mythes hollywoodiens. Il nous offre, en tout cas, un portrait tout
en nuances d'un homme fatigué et usé par les drames de la
vie.
Ava Gardner est, elle,
aussi insaisissable que l'irrésistible Maria. Son style espagnol
cadre bien avec le sujet. Eblouissante et talentueuse, elle transpose son
personnage complexe avec justesse, passant aisément de la danseuse
farouche et sauvage à la star hollywoodienne au sourire resplendissant.
Elle a la classe d'une Comtesse et la spontanéité d'une fille
du peuple...
Edmond O'Brien dans le
rôle d'Oscar est lui aussi étonnant d'authenticité.
En conclusion, l'histoire est bien servie, le destin tragique de Maria bien mené, touchant et poignant. La critique sociale se mêle judicieusement au troublant conte de fée, conte de fée qui se termine sur une note étrangement optimiste avec l'apparition du beau temps pointant à l'horizon...
Pour en savoir plus sur Ava Gardner, vous pouvez consulter sur ce même site sa biographie : Ava Gardner