cinemaclassic.free.fr
Titre original : Gilda Sortie US : 1946 (14 février) Durée : 110 min (1 h 50) Langue : Anglais Columbia Pictures Corporation Noir et blanc
|
Le CastingRita Hayworth ... Gilda Mundson Farrell Glenn Ford ... Johnny Farrell George Macready ... Ballin Mundson Joseph Calleia ... Maurice Obregon Steven Geray ... Oncle Pio Jœ Sawyer ... Casey Gerald Mohr ... Capitaine Delgado Robert E Scott ... Gabe Evans Donald Douglas ... Thomas Langford George J Lewis ... Huerta Rosa Rey ... Maria |
Equipe du filmD'après l'œuvre de E.A EllingtonRéalisateur : Charles Vidor Scénaristes : Jo Eisinger, Marion Parsonnet Producteur : Virginia Van Upp Musique : Marlin Skiles Image : Stephen Goosson et Van Nest Polglase Montage : Charles Nelson Chansons : Doris Fisher et Allan Roberts Décors : Robert Priestley Costumes : Jean Louis |
Buenos Aires. Après lui avoir sauvé la vie lors d'une agression nocturne, Ballin Mundson, propriétaire d'une maison de jeu, engage à son service le joueur et tricheur professionnel Johnny Farrell qui l'a persuadé qu'il pourrait lui être utile. C'est la fin de la guerre.
A son retour d'un bref voyage, Mundson présente à Farrell sa nouvelle épouse, la superbe Gilda. Farrell a connu autrefois Gilda et l'a profondément aimée ; il semble que leur rupture l'ait rendu définitivement misogyne. les anciens amants comprennent que le passé est loin d'être oublié... Quant à Mundson, il devine vite que Johnny et Gilda sont loin d'être des étrangers l'un pour l'autre.
Surveillant et protégeant tous les biens de son patron, Farrell va également surveiller Gilda et tenter de l'empêcher d'être infidèle. L'ambition suprême de Mundson est de se retrouver à la tête d'un cartel de tungstène grâce auquel il se voit déjà maître du monde. Il est prêt pour cela à marcher sur des cadavres et effectivement, un homme dont il s'était servi se suicidera dans son tripot après avoir essayé de le tuer. Farrell passe le plus clair de son temps à écarter de Gilda ses nombreux soupirants en recourant au besoin à la force. Elle lui dit qu'elle s'est mariée uniquement par dégoût pour lui. "Je te hais tellement, ajoute-t-elle, que j'aimerais me détruire pour t'entraîner dans ma chute". Il arrive aussi que Farrell fournisse à Gilda des alibis pour dissimuler ses frasques à son mari. Pendant le Carnaval, Farrell et Gilda dansent ensemble, masqués. Dans le tripot, un homme est assassiné, vraisemblablement par Mundson; C'était un des deux Allemands qui menaçaient son cartel.
Vivant si près l'un de l'autre, Farrell et Gilda ne peuvent plus penser qu'à eux et à leur étrange relation. "Je te hais tant que je crois que je vais en mourir" murmure Gilda à Farrell en l'embrassant. Mundson a vu ce baiser et s'enfuit en voiture. Farrell le poursuit et le voit monter à bord d'un avion qui, quelques instants plus tard, explose en vol. Mundson a sauté en parachute et rejoint sur une embarcation un complice qui l'attendait. Tout le monde évidemment le croit mort. Il a légué sa fortune à Gilda et fait de Farrell son exécuteur testamentaire. Farrell réunit les membres du cartel qu'il entend bien diriger à la place de Mundson. Il épouse Gilda et veillera à ce qu'elle lui soit fidèle ainsi qu'à Mundson dont il défend par là même la mémoire. Il écarte d'elle tous les hommes et Gilda comprend bientôt dans quelle prison elle est tombée. Elle le défie en chantant publiquement dans le tripot une chanson qu'elle veut faire suivre d'un strip-tease, mais Farrell interrompt son numéro par une gifle magistrale...
Ballin: Ballin est un personnage ambigue, difficile à cerner. La manière dont George MacReady compose le personnage de Ballin Mundson, cet homme ambitieux, égoïste et possessif, est éblouissante. Le foulard, la robe de chambre et la diction suave mais acérée de Mundson ne seraient rien sans cette canne-épée dont il se sert et qu’il présente à Johnny comme « son idée de l’amitié ». Mundson boit avec Johnny, « A nous trois », la troisième personne étant cette arme (symbole phallique pour certains).
Gilda: Elle est cette femme à la beauté flamboyante, à la fois fragile et fatale. Elle est au centre de l'amitié entre les deux hommes, elle est celle que tout deux désirent. Elle symbolise à la fois, la garce et l'amoureuse. Tout au long du film, on ne doute cependant pas un instant du bon fond du personnage et le final lève toute suspicion, lorsque l'inspecteur dit à Johnny qu'elle jouait la comédie..
Johnny: Johnny Farrel, tricheur professionnel, n'a pour ainsi dire qu'une seule faiblesse...Gilda. mais le personnage de Johnny n'a rien à voir avec un amoureux transi. Il aime tellement son ancienne maitresse, qu'il la déteste encore plus, ce qui le conduit à la mysoginie la plus absolue. Le début –avec un commentaire off de Johnny –rappelle inévitablement le style des romans de Raymond Chandler, le héros n’étant toutefois pas un privé mais un être relativement peu sympathique, tricheur et prêt à suivre la première personne – homme ou femme - qui semble pouvoir l’entretenir.
Le tournage du film commença sans scénario définitif, ce dernier étant donné aux acteurs au jour le jour. Ce qui, dans d'autres cas, aurait pu être un handicap, n'a visiblement ici pas affecté le résultat, et c'est avec une précision implacable que Charles Vidor construit et dirige l'intrigue. Rita Hayworth qui était la vedette la plus célèbre de la Columbia tenait absolument à faire une entrée remarquée après sa brêve interruption faisant suite au mariage avec Orson Welles. Cohn avait voulu donc que ce film lui soit entièrement consacré. Il fut même d'actualité un court moment de prendre un acteur tel que Tyrone Power ou Clark Gable pour jouer le personnage de Johnny Farrel.
Au cours du tournage de nombreuses scènes se rajoutèrent, ainsi que de nouveaux dialogues. Quelques numéros musicaux furent conçus et mis en scène alors que le tournage était pratiquement terminé.Certaines parties du dialogues furent en partie modifiées alors que le film était déjà en boite. C'est dire que Gilda fut fait de petits bouts ajoutés les uns aux autres, un peu en dépit du bon sens, et que rien a priori ne pouvait en faire un succés...Pourtant la distribution du film rapporta, rien qu'aux Etats-Unis, 3 750 000 dollars et assura définitivement la célébrité de Rita Hayworth. Même si ce n'est pas son meilleur film, Gilda restera à jamais le plus célèbre et le plus important de la carrière de Rita Hayworth.
Cette dernière fut la véritable star du film et d'avoir joué à ses côtés propulsa Glenn Ford sur les devants de la scène.
Grâce à Gilda, Rita Hayworth et Glenn Ford formèrent l'un des couples idéaux du cinema Hollywoodien des années 40, ils renouvelerent l'expérience 4 fois supplémentaires.
Peu de films hollywoodiens jouent aussi franchement sur l'ambiguïté que Gilda, tourné alors que le Code Hays était tout puissant. Plus que tout autre, le film pose d'ailleurs le problème des relations entre la production hollywoodienne et le Code de production. Les censeurs chargés d'appliquer les directives du Code étaient-ils aveugles au point de ne pas voir l'érotisme brûlant du film ? Malgré la négation de Charles Vidor, lorsqu'il fut interrogé sur le sujet, certains avancent l'évidente homosexualité du couple formé par George MacReady et Glenn Ford...Le strip Tease suggestif, les gestes langoureux de Rita Hayworth ivre sont pourtant passés sans censure.Cela revient à croire que les censeurs pouvaient être à l'époque aussi de bons cinéphiles, que Rita Hayworth était aimée du public, très adulée et qu'Harry Cohn soutenait le film et sa Star.
Toutes les tenues de Rita Hayworth sont faites pour magnifier le sex-appeal de l'actrice, avec, sans doute, la complicité du Code, ou du moins de ceux chargés de l'appliquer...
Johnny : I hated her so I couldn't get her out of my mind for a minute.
Ballin : Gilda, are you decent?
Gilda : Me ?
[longue pause]
Gilda : If you're worried about Johnny Farrell, don't be. I hate him!
Ballin : And he hates you. That's very apparent. But hate can be a very exciting emotion. Very exciting. Haven't you noticed that?
Gilda : You make it s...
Ballin : There is a heat in it, that one can feel. Didn't you feel it tonight?
Gilda : No
Ballin : I did. It warmed me. Hate is the only thing that has ever warmed me
Obregon : You two kids love each other pretty terribly, don't you ?
Johnny : I hate her!
Obregon : That's what I mean. It's the most curious love-hate pattern I've ever had the privilege of witnessing
Gilda : Got a light?
Oncle Pio : Yes, Mrs. Mundson. It is so crowded here and yet so lonely
Gilda : How did you know?
Gilda : You do hate me, don't you, Johnny?
Johnny : I don't think you have any idea of how much
Gilda : Hate is a very exciting emotion. Haven't you noticed ? Very exciting. I hate you too, Johnny. I hate you so much I think I'm going to die from it. Darling...
[ils s'embrassent passionnément]
Gilda : I think I'm going to die from it.
- "Gilda fut le fruit d'une collaboration entre tous les représentants de la firme productrice." L'encyclopédie du 7eme art
- "Le dialogue fourmille d'allusions à double sens. On est en pleine mythologie sexuelle. Tous les détails de ce récital ont leur valeur d'érotisme calculé à froid, ce qui hausse la sensualité de Rita Hayworth au niveau de l'allégorie." L'Encyclopédie du cinéma
I was true to one man once... and look what happened...
There NEVER was a woman like Gilda!
I was true to one man once... and look what happened!
Gilda gambles as recklessly as she lives!
Johnny, let me go, please let me go. I can't stand it any more...
Gilda, Gilda...C'est une légende, Rita Hayworth est un mythe a elle toute seule dans ce film. Glenn Ford a un jeu bien mené et Macready, avec ses airs mystérieux, s'accorde parfaitement au duo. Comment évoquer ce film sans parler du fameux Trio dans lequel Gilda, surgie de nulle part, s'est malignement infiltrée ? Trio à la base composé de Ballin Mundson, Johnny Farrel et de l'Amie (la fameuse canne qui se transforme en épée en quelques secondes). Gilda et Johnny se seraient connus par le passé et elle aurait épousé Ballin pour se venger de Johnny, qui l'a quittée. Cependant rien dans le film ne laisse deviner ce qui s'est réellement passé entre eux. Johnny compare même l'Amie à une femme, sous-entendu Gilda, affirmant à ce moment là, sa misogynie. Comme il se doit, Ballin mourra à la fin, victime de sa propre canne-épée manipulée par le fidèle Oncle Pio, soudain mué en justicier, mettant ainsi une ultime touche sanglante à ce superbe film ambigu et vénéneux
Le thème du film tourne essentiellement autour d'un jeu amoureux entre un homme (Johnny) et une femme (Gilda), qui se haissent alors qu'ils s'aiment à en mourir. Le mot "haine" revient en permanence entre les deux protagonistes et Ballin attise la situation en proclamant qu'il puise sa force dans la haine, qui pour lui est un sentiment proche de l'amour. Mélange de sentiments poussés à l'extrême.
Le trio dégage à lui tout seul, intrigue, charme, sensualité, certains y voient même une certaine subversion et homosexualité entre Ballin et Johnny. Chose, que je n'ai vraiment pas remarquée. Pour moi, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une très forte amitié liant les deux hommes, l'un devant la vie à l'autre. On a pu lire aussi que les dialogues étaient incisifs à double sens, dans lesquels se cachaient des euphémismes et des situations à clés pour tromper la censure...Peut-être, mais avoir l'audace de faire un film où se dévoilent sensualité, haine, misogynie est un véritable défis dans les années 40, aussi bien pour le producteur, les acteurs que pour le studio.
Sur le plateau de Gilda, Glenn Ford avait dit que l'ambiance y était électrique et tout comme sur le tournage, l'ambiance du film est électrique...Chaque personnage est à place. L'oncle Pio (le moralisateur de l'histoire) est toujours là où il faut, quand il faut. Il est comme dirait Gilda "adorable". Casey et Huerta, Delgado, Gabe Evans, Obregon...Tous parfaits dans leurs rôles respectifs, bien choisis.
Glenn Ford incarne le personnage de Johnny Farrel avec beaucoup de réalisme, de distinction. Face au succés de Gilda, la question que les gens se sont posés est pourquoi le rôle de Johnny n'avait pas été confié à un acteur comme Clark Gable ou Tyrone Power. La réponse était que seule Rita, devait être la star inconditionnée de Gilda. Il fallait cependant avouer que le magnétisme et l'harmonie que dégageait le couple Ford/Hayworth valait la peine que Glenn Ford incarne Johnny.
Quant au personnage de Gilda, il est controversé, il est difficile de la cerner (entre femme fatale et innocente victime). Le personnage libéré de Gilda qui rend fou Johnny, fait aussi de Rita Hayworth une grande actrice. La célébrissime scène du gant à la fin, marque les esprits à jamais, elle parvient le plus naturellement du monde à faire fantasmer des foules entières juste en enlevant un gant ! Tout est dans ses gestes et ses mouvements. Cette scène reste une des scènes les plus célèbres du cinema...Et ce talent, ce charisme inégalable que révèle Rita Hayworth, m'épate ! Relever les défis des rôles de sex symbol alors qu'elle était prude et timide, est un véritable talent que peu parviennent à avoir. Un de mes regrets, concernant "Gilda", c'est que malgré le fait que le film ait concouru à immortaliser Rita, il a aussi contribué à la rendre malheureuse, puisqu'elle n'a jamais pu se détacher de ce rôle, qui a grandement altéré sa vie privée. Vous connaissez tous la phrase qu'elle aurait dit un jour à Harry Cohn "Most men fell in love with Gilda ...and wakened with me".