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Hollywood fut fondée à
la fin du XIX siècle (1886) par Horace et Daeida Wilcox. Dans la
banlieue de Los Angeles, deux immigrants achètent un immense terrain,
où ils construisent une ferme. Madame Wilcox décide d'appeler
son bien, Hollywood (bois de houx). En quelques années, Hollywood
devient une paisible localité adossée à une chaîne
de collines, renommée pour la douceur de son climat, sa proximité
avec l'océan Pacifique et ses vastes horizons de vergers. En Déc.
1913, un représentant de la Famous Players Lasky arrive de New-York
à la recherche d'un local-studio pour y tourner un film sur les
Indiens : ce studio était une étable (en location), le représentant
de la Compagnie, Cecil B. DeMille, la Famous Players Lasky, la future Paramount
; le "Mari de l'Indienne" (The Squaw Man) tourné ici
fut le 1er long métrage du Muet et l'ancêtre des Westerns.
Attirés
par la douceur du climat, la possibilité de tourner en permanence
en extérieur, le prix peu élevé des terrains, la présence
d'une main-d'œuvre bon marché et enfin la variété
des paysages aux alentours, de nombreux cinéastes et producteurs
accoururent. D. W. Griffith réalisa la première superproduction
en filmant Naissance d'une Nation (1915), suivi d'Intolérance (1916).
La comédie burlesque, ou slapstick, vit rapidement le jour grâce
à Mack Sennett, qui tourna des centaines de ces courts-métrages
comiques pour la Keystone, dans des baraques minables du côté
d'Edendale. Sennett lança notamment l'Anglais Charlie Chaplin et
son personnage de Charlot. Sa canne, sa moustache, son chapeau melon et
sa démarche inimitable firent de lui une vedette mondiale en moins
de 3 ans. Embauché à 75 US$ la semaine à ses débuts,
Charlie Chaplin signa en 1917 le premier contrat de 1 million de dollars
enregistré dans les annales du cinéma. Avec cette somme mirobolante,
il devint multimillionnaire à 28 ans, et s'installa en 1918 dans
ses propres studios.
Avec Douglas Fairbanks et Mary Pickford, les deux vedettes en vue de l'époque,
il fonda en 1919 United Artists, contribuant ainsi à asseoir l'image
d'Hollywood comme capitale mondiale du cinéma. Strass et paillettes
ne tarderont pas à suivre, le 7 eme art est lancé, l'âge
d'or d'Hollywood peut débuter. L'idolâtrie des stars, les
palais des mille et une nuits, les extravagances des vedettes, les studios
démesurés, tout cela fait partie d'Hollywood et de la Jet
Set des années 20, 30. Ds les studios clôturés et gardés,
"l'Usine à rêve" fonctionne à la cadence
d'une chaîne de montage où les producteurs règnent
en maîtres absolus. Hollywood emploie alors près de 28 000
personnes, dont 170 réalisateurs et 350 scénaristes qui fournissent
500 à 700 scénarios par an.
Le plus grand des parcs à studios se nomme Universal City, sorte
de cité du cinéma à quelques kilomètres au
nord d'Hollywood. Chacun des studios qui la composent forme une ville dans
la ville, une forteresse entourée de murs infranchissables, gardée
par des cordons de sentinelles. Les producteurs règnent en maîtres
absolus à tous les niveaux de la fabrication du film. Par l'étendue
de leur pouvoir, on les surnomme les Moguls. Seuls quelques producteurs
indépendants réussiront à se faire un nom à
l'ombre des Majors : Samuel Goldwyn et David O. Selznick, le producteur
d'Autant en emporte le vent (1939), film feu d'artifice de l'âge
d'or hollywoodien mettant en scène Clark Gable et Vivien Leigh dans
une reconstitution flamboyante de la guerre de sécession. Les années
30 de l'âge d'Or d'Hollywood sont marquées par de grands réalisateurs
comme Frank Capra, John Ford, Howard Hawkes.
Le début des années 40 ouvre l'ère des films noirs et des femmes de rêves. L'Idôlatrie s'intensifie et atteindra son point culminant durant les années entachées par la seconde guerre mondiale, où les stars sont là pour entretenir le rêve et la promesse de retour. Plus que jamais les producteurs mettent en avant leurs atouts, lancent des vedettes, en particulier féminines, plus belles les unes que les autres et les élèvent au rang de Déesses. Rita Hayworth est surnommée la Déesse de l'amour, Esther Williams, la naïade, Jane Russell, la brûlante, Lana Turner, la torride, Barbara Stanwyck, la perverse, Bette Davis, la garce, Ingrid Bergman, l'étrangère, Ava Gardner, "le plus bel animal du monde"... Et bien sûr, plus tard, Marilyn Monroe, star hollywoodienne par excellence, la baby doll du 7e art. Au sommet de leur gloire, ces femmes de rêves, paraissent dans les magazines du monde entier, leur beauté, leur célébrité, leur talent est exposé aux yeux de tous, les admirateurs se multiplient... Hollywood est plus glamour que jamais.
Les
stars immortalisent leur célébrité au pied du Grauman's
Chinese Theatre en apposant leurs empreintes, Seuls en ont le privilège,
ceux dont leurs films sont diffusés en avant première sur
le fameux Théatre Chinois.
Les années 50 sont marquées par la guerre froide, la "chasse aux sorcière" et l'idolâtrie de vedettes telles que Marilyn Monroe, Elvis Presley, Marlon Brando ou encore James Dean. La télévision prend le pas sur le grand écran et les vedettes deviennent populaires, plus accessibles. Les grands studios enchainaient les films, on y tournait des films de tous les genres : des drames (comme Sur les quais avec Marlon Brando) et des suspenses (Alfred Hitchcock réalisa Fenêtre sur cour et La mort aux trousses), mais surtout des comédies musicales (comme Un Américain à Paris et Chantons sous la pluie) et des films d'horreur (La créature du lagon noir et Les envahisseurs de la planète rouge).
Mais une des plus triste période pour le cinéma américain et le monde des artistes en général fut "la chasse aux sorcières organisée" par un sénateur anticommuniste.
C'est le 9 février 1950
que Joseph McCarthy, sénateur républicain du Wisconsin, dénonce,
dans son discours de Wheeling (Virginie-Occidentale), la mainmise des communistes
sur le département d'État. Des preuves, il n'en a pas. Il
prêche la croisade, accentue un traumatisme et tâche d'en profiter
pour sa carrière politique... De concert avec le FBI et la
Commission des activités antiaméricaines de la Chambre des
représentants, les hommes forts d'Hollywood mettent l'industrie
cinématographique au pas. Hollywood devient le centre d'investigations.
L'Ere du Maccarthisme a débuté...
Au total, près de 300 acteurs, réalisateurs et scénaristes
sont inquiétés. Les accusations - souvent calomnieuses -
fusent de toutes parts, et des listes noires circulent. S'ils veulent renouer
avec leur carrière, les proscrits n'ont d'autre choix que de renier
haut et fort leurs engagements et, en signe d'allégeance, de donner
les noms de leurs (anciens) camarades. Elia Kazan, parmi des dizaines d'autres,
fait le choix de la délation. Pour ceux qui refusent de vendre leur
âme au diable, la mise au ban est sans appel : dix d'entre eux vont
en prison (les "Dix d'Hollywood", parmi lesquels Dalton Trumbo,
le futur réalisateur de Johnny s'en va-t-en guerre), et des dizaines
s'exilent au Mexique ou en Europe (Charlie Chaplin, Joseph Losey, John
Berry, Jules Dassin, etc.). Ceux qui restent aux États-Unis ont
la vie dure : de nombreux scénaristes continuent de travailler,
mais à des salaires de misère et dans la clandestinité
(en recourant à des pseudonymes ou à des prête-noms).
Quant aux acteurs et aux réalisateurs, ils doivent bien souvent
changer purement et simplement de carrière. La chasse aux sorcières,
qui précède l'avènement du sénateur McCarthy
(1950) et se poursuit après la mort de celui-ci (1957), ne prend
pas fin du jour au lendemain. Dans les années 1960, quelques noms
disparus des génériques depuis de longues années réapparaissent
sur les écrans, 10% environ. Les plaies sont pourtant loin d'être
refermées et les mémoires hollywoodiennes, à travers
films et commémorations, n'en finissent pas de revisiter cet entêtant
passé.