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Titre original : Mogambo Sortie US : 1953 (9 octobre) Durée : 115 min (1 h 55) Langue : Anglais Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) Couleur (Technicolor)
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Le CastingClark Gable ... Victor Marswell Ava Gardner ... Eloïse 'Honey Bear' Kelly Grace Kelly ... Linda Nordley Donald Sinden ... Donald Nordley Philip Stainton ... John Brown-Pryce Eric Pohlmann ... Leon Boltchak Laurence Naismith ... Skipper Denis O'Dea ... Père Jose |
Equipe du filmD'après la pièce de Wilson Collison Réalisateur : John Ford Scénariste : John Lee Mahin Producteur : Sam Zimbalist Image : Robert Surtees et Freddie Young Montage : Frank Clarke Son : Amy Fisher et A.W. Watkins Direction artistique : Alfred Junge Costumes : Helen Rose Effets spéciaux : Tom Howard Maquillage : Colin Garde |
Afrique, 1953. Célèbre chasseur et organisateur de safaris, Victor Marswell, n'est pas ravi de devoir offrir l'hospitalité à Eloïse Kelly, une jeune femme volcanique, New Yorkaise, qui est venue jusqu'ici rejoindre un maharadjah, parti pourtant déjà depuis une semaine. Toutefois, les charmes d'Eloïse ont tôt fait de venir à bout des réticences et des hésitations de Marswell qui ne tarde pas à devenir son amant...
La bonne entente dure jusqu'à l'arrivée de Donald Nordley, un anthropologue anglais, et de son épouse Linda ; Marswell s'est engagé à les conduire dans une région où vivent les gorilles. Nordley ne se rend pas compte que Linda n'a d'yeux que pour Marswell ni que celui-ci, homme entre deux âges, mais encore fort attirant, est fasciné par la jeune femme. Eloïse, elle, a compris la situation ; au grand désespoir de Marswell, une série d'incidents et de contretemps, apparemment fortuits, retardent sans cesse le départ. A mesure que le temps passe, les liens se resserrent entre Marswell et Linda, en dépit des remarques et des allusions acerbes d'Eloïse.
Un beau jour, Marswell décide de tout dire à Nordley. La candeur du jeune anthropologue désarme le chasseur de fauves qui ne peut se résoudre à dissiper ses illusions. Il lui sauve la vie un jour où il est attaqué par un gorille en fureur. De retour au camp, Marswell envoie Linda rejoindre son époux et lui explique qu'il ne l'a jamais vraiment aimée et que leur aventure n'a été qu'une amourette ; Linda pleure, supplie mais part. Marswell se retrouve finalement dans les bras d'Eloïse...
En
1954 :
- Nomination aux Oscars
de la meilleure actrice pour Ava Gardner
- Nomination aux Oscars
du meilleur second rôle féminin pour Grace Kelly
- Nomination du meilleur
film par le BAFTA
- Golden Globe du meilleur
second rôle féminin remporté par Grace Kelly
- "Mogambo" signifie "Passion" en Swahili.
- Coût de production du film : 3 100 000 dollars. Recettes : 8 200 000 dollars.
- "Mogambo" est le remake du film "Red Dust" ("La belle de Saïgon", 1932) par Victor Fleming avec Clark Gable, Jean Harlow, Mary Astor et Gene Raymond. L'intrigue se passait en Indochine. John Lee Mahin est le scénariste des deux films.
- Le film a été tourné à Okalataka (Congo), au Mont Kenya et à Thika (Kenya), à la rivière Kagera (Tanzanie) et à Isoila (Ouganda). Des scènes ont été également tournées aux studios britanniques de la MGM.
- Tournage du 17 novembre 1952 au 28 janvier 1953 (première équipe). Plans tournés en octobre 1952 et février 1953 par la seconde équipe.
- Le tournage fut perturbé par des conditions climatiques difficiles.
- Les scènes de gorilles ont été dirigés par Yakima Canutt.
- La musique est entièrement jouée par des tribus locals, ce qui est inhabituel à Hollywood.
- Pendant le tournage, Clark Gable et Grace Kelly ont entamés une liaison qui dura plusieurs mois.
- Ava Gardner a dû quitter l'Afrique et le tournage de "Mogambo" quelques temps pour se rendre à Londres et avorter. L'enfant était de Frank Sinatra, son mari.
- Quand le film a été doublé pour son exportation en Espagne, les censeurs du dictateur Francisco Franco ont trouvé l'adultère entre Victor Marswell et Linda Nordley immoral. L'adultère ne devait être montré à l'écran. Aussi, la MGM a dû changer les relations entre les personnages. Linda et Donald n'étaient plus mari et femme mais frère et sœur. Cependant, la scène où Linda et Donald partagent le même lit n'a pas été supprimée ; l'adultère s'est finalement transformé en inceste...
- Dans le film "The Courtship of Eddie's Father" ("Il faut marier Papa", 1963), Tom Corbett (Glenn Ford) regarde Mogambo à la télévision, plus précisement la scène du baiser entre Linda Nordley et Victor Marswell.
- "Mogambo" est également le nom d'un personnage joué par Amrish Puri dans le film Boolywoodien "Mr India".
Eloise Kelly : Look, Buster, don't you get overstimulated with me !
Eloise Kelly : Everything snarls around this joint !
[Vic fait sortir un jeune
rhinocéros de sa cage]
Eloise
Kelly : Hey ! A kangaroo.
Eloise Kelly : [à Linda Nordley] Remember, I came here to be your friend. For your sake. And I'm keeping the offer open... It'll be rugged, but I'll keep it open.
Eloise
Kelly : Well anyway, they both blew up in a million pieces somewhere
over Berlin. But you know, Brownie, as short as it lasted, it was like
being blessed for a lifetime.
John
Brown-Pryce : So you hit the high spots and the gay beaches, trying
to forget again.
Eloise
Kelly : Yeah. Great strength of character.
Eloise Kelly : Let me jump to my own conclusions.
Victor Marswell : I make my contribution to this mixed-up community they call the world.
Eloise Kelly : This is no Sir Galahad who loves from afar. This is a two-legged boa constrictor.
Eloise Kelly : The only lions I ever want to see again are the two in front of the public library.
Victor
Marswell : Sometimes it
[alcool]
Victor
Marswell : Gets you nasty enough to get a nasty job done.
Eloise Kelly : You and nobody else is gonna wring me out and hang me up to dry again.
Linda
Nordley : Dœsn't a woman's reputation count for anything here ?
Victor
Marswell : Only if I'm pesonally interested.
"Gable joue son rôle de mâle avec la désinvolture d'un homme qui n'a fait que cela toute sa vie ; la beauté de Grace Kelly ne pâtit pas de l'ineptie des tirades qu'on lui fait débiter ; quant à Ava Gardner, elle batifole avec les éléphanteaux et les girafes quand elle ne court pas après Clark Gable." (Times)
"Kelly débarque un beau matin ; elle vient retrouver un maharadjah qui chassait avec Victor ; mais il a décampé la veille. C'est une chouette de poupée, Kelly, roulée, comme la Vénus de Diomède, effrontée et tendre. Victor, après avoir fait la grosse voix, étend la main et Kelly s'allonge. Peu après, elle s'aperçoit qu'elle aime Victor et sa grosse voix et ses tempes d'argent et sa ressemblance avec Clark Gable." (Etienne Loinod, Cahiers du Cinéma, n°41, décembre 1954)
"Il y a deux façons de considérer ce film. On peut, d'une part, regretter que l'une des plus grosses compagnies cinématographiques du monde n'ait rien de mieux à proposer à l'un des plus grands metteurs en scène qu'une histoire banale et fabriquée. D'autre part, on peut observer avec intérêt et même avec une pointe d'amusement le parti que John Ford a tiré d'un canevas uniquement destiné à la mise en valeur des vedettes de la M.G.M" (Canadian Film Bulletin)
Grand classique du début des années 50, remake de "Red Dust" de 1932, Mogambo plonge le spectateur en pleine Afrique Noire. Le film a été tourné une dizaine d'années avant la fin du colonialisme des pays d'Afrique de l'Est comme l'Ouganda, le Kenya ou la Tanzanie mais il n'a aucune vocation à faire passer un message d'anticolonialisme... Mogambo se présente plus comme la mise en valeur par l'illustre réalisateur qu'est John Ford et par un technicolor soigné de magnifiques paysages, des grands espaces d'un continent sauvage, mystérieux et des peuples autochtones qui l'habitent que comme un jugement de politique extérieure des pays développés... On peut même se demander si on parle réellement ici d'un safari ou plutôt des tourments sentimentaux traversé par un quinquagénaire plongé en plein mélo psychologique.
A sa sortie, le casting
et les paysages exotiques feront du film un triangle amoureux presque culte.
Victor Marswell, incarné par Clark Gable, est bougon, râleur,
charismatique, vieillissant mais viril, a priori inapte au mariage et donc
au bord de la solitude. C'est la personnification de l'homme idéal
pour Eloïse Kelly et Linda Nordley, loin du contremaître confident,
du mari fayot ou même de l'assistant vulgaire et brutal.
Mais ce qui préoccupe
dans Mogambo c'est le duel entre les deux personnages féminins.
Eloïse Kelly (Ava Gardner), surnommée "Honey Bear",
est chez elle dès la première scène, la scène
de la douche. Femme volcanique, libre et libertine, indépendante
et forte, elle affiche une décontraction, une impudeur. Elle chante
comme les Africains, s'acclimate très rapidement. Ses traits d'esprits
sauvent son manque de connaissances pour ne pas dire son ignorance. On
pense ici au chewing-gum donné au singe ou au rhinocéros
pris pour un kangourou.
Avec Linda Nordley (Grace
Kelly), quelle différence. Bourgeoise érudite, elle est angélique
et naïve. Il est toutefois difficile de mettre la main sur ce collet
monté, coincé, froid, trop bien élevé. Même
son accent est snob dans le sens d'inaccessible. D'ailleurs, John Ford
lui-même garde ses distances et ne la filme de près qu'à
de rares occasions. Linda apparaît comme une femme possédant
tout ce qu'Eloïse n'a plus (un foyer, une vie équilibrée,
de l'argent) mais elle se révèle tout aussi malheureuse du
point de vue de l'intime.
Pour que Victor soit
piégé par ce duel féminin, John Ford met en scène
avec symétrie les prétextes à la romance. Le réalisateur
considérait qu'il n'était pas difficile de faire un film,
ce n'était pas un art, que le tout était de bien filmé
les yeux. Et c'est ce qu'il fait avec Ava Gardner puis Grace Kelly. La
lumière, que se soit le coucher de soleil ou le clair de lune, sert
le regard des deux femmes.
Un autre parallèle
est également fait entre Linda et Eloïse. Cette dernière,
bien que plus exubérante que l'épouse de l'anthropologue,
est montrée comme une veuve très chrétienne tandis
que Linda, bien que plus posée, est l'incarnation de la femme infidèle.
Finalement, Victor ne
trouvera le bonheur auprès de l'une (Eloïse) qu'après
que toutes les possibilités de communion ait été épuisées
avec l'autre (Linda). L'une est faite pour vivre avec Victor, l'autre pas.
Tout le film veut montrer en quoi cet accord est réel, en quoi l'autre
liaison est illusoire. C'est un film moral dans le sens où il étudie
ce qu'est l'amour et le bonheur en profondeur.
Quoiqu'il en soit, le film se caractérise par une mise en scène simple et belle ; par la richesse de ses dialogues, bourrés d'humour et de double sens, digne d'une comédie de boulevard. Victor compare, par exemple, Eloïse a une lionne tandis qu'elle le compare lui à un éléphant... L'interprétation est également brillante de la part d'un trio de légende. Clark Gable reste fidèle aux personnages de ses autres films et est donc naturel. Ava Gardner fait, elle, ressortir avec brio son tempérament de feu tandis que Grace Kelly se révèle convaincante en tant que Linda Nordley.
En guise de conclusion, il convient de rappeler que John Ford a mis un soin tout particulier à filmer tour à tour la jalousie, la trahison, le mensonge et l'adultère et que cela fonctionne bien. Le désir féminin, tout en nuances, est capté avec justesse sur fond flamboyant de safari. La passion des sentiments est instinctive : le réalisateur use de parallèles non équivoque lorsqu'il filme sur le même plan les allers-retours rageurs d'Ava Gardner et d'une panthère enfermée dans une cage sur le bateau les éloignant de l'homme responsable de leurs tourments ! Enfin, ce qu'on peut également apprécier dans Mogambo est le côté « documentaire » du film lorsque John Ford n'hésite pas à filmer les membres des tribus sans chercher à cacher leur naturel, leur beauté nue dans un souci évident d'authenticité.
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