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Titre original : It Happened One Night Sortie US : 1934 Durée : 105 min (1 h 45) Langue : Anglais Columbia Pictures Corporation Budget : 325 000 $ Noir et blanc
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Le CastingClark Gable ... Peter WarneClaudette Colbert ... Ellie Andrews Walter Connolly ... Alexander Andrews Roscœ Karns ... Oscar Shapeley Jameson Thomas ... King Westley Alan Hale ... Danker Arthur Hoyt ... Zeke Blanche Friderici ... Femme de Zeke Charles C. Wilson ... Jœ Gordon |
Equipe du filmD'après la nouvelle "Night Bus" de Samuel Hopkins AdamsRéalisateur : Frank Capra Scénariste : Robert Riskin Producteurs : Frank Capra et Harry Cohn Image : Joseph Walker Son : Edwards Bernds Montage : Gene Havlick Décors : Stephen Goosson Costumes : Robert Kalloch |
Jugé trop insolent, Peter Warne est congédié du journal qui l'emploie. Pendant ce temps, la riche Ellie Andrews, jeune fille gâtée dont le père milliardaire, Alexander Andrews, refuse qu'elle épouse l'homme de ses rêves, King Westley, s'échappe de l'emprise de son père en se sauvant du yacht dans lequel il l'avait séquestrée, pour aller rejoindre le play-boy aviateur avec qui elle s'est secrètement fiancée. Alexander lance des détectives sur les traces de sa fille mais les recherches sont infructueuses.
Peter Warne et Ellie Andrews se rencontrent dans un autocar reliant Miami à New York. D'abord attiré par le scoop et éventuellement la récompense qu'il pourrait obtenir, Peter ne quitte plus sa nouvelle compagne de voyage qui vient en outre de se faire voler tout l'argent qu'elle transportait sur elle. Faute de moyens, c'est donc en auto-stop qu'ils poursuivent, étape par étape, leur route vers New York Après maintes péripéties au cours desquelles ils doivent se faire passer pour un couple légitime et ainsi dormir dans la même chambre, seulement séparés par une couverture "le mur de Jéricho", ils finissent par s'éprendre l'un de l'autre.
Alors qu'Ellie est endormie, Peter lui fausse compagnie pour aller vendre son histoire au journal et ainsi tenter d'arracher de l'argent à son rédacteur en chef qui lui permettrait d'épouser Ellie. Dépitée, se croyant trahie, cette dernière retourne chez son père qui accepte enfin qu'elle se marie avec King Westley. Toutefois, au dernier moment, Ellie comprend qu'elle ne pourra vivre sans Peter. Elle abandonne alors l'aviateur et le mur de Jéricho s'effondre...
5 Oscars en 1935 :
- Oscar du meilleur film
- Oscar du meilleur réalisateur pour Frank Capra
- Oscar du meilleur scénario adapté pour Robert Riskin
- Oscar du meilleur acteur pour Clark Gable
- Oscar de la meilleure actrice pour Claudette Colbert
- Prix du meilleur film décerné par le National Board of Rewiew en 1934
- Nomination de Frank Capra pour la Mussolini Cup
- "It Happened One Night" signe l'ère d'un genre nouveau : la Screwball Comedy.
- "It Happened One Night" est l'unique film de l'histoire à avoir obtenu les cinq principaux Oscars : le meilleur film, le meilleur réalisateur (Frank Capra), le meilleur scénario (Robert Riskin), la meilleure actrice (Claudette Colbert) et le meilleur acteur (Clark Gable). Il faudra attendre 1976 et "Vol au-dessus d'un nid de coucou" pour que l'exploit soit renouvelé. En 1992, "Le Silence des agneaux" égalera le record.
- Dans ses mémoires, Fritz Freleng avoua s'être inspiré de It Happened One Night (son film préféré) pour créer le personnage de Bugs Bunny. Il s'inspira ainsi de : la personnalité du personnage interprété par Roscœ Karns : Oscar Shapeley et de la manière dont Clark Gable mange des carottes en parlant en même temps.
- Avant d'être incarné par Clark Gable, le personnage de Peter Warne avait été envisagé pour Robert Montgomery. Quand ce dernier déclina le rôle, Louis B. Mayer (propriétaire de la Metro-Goldwyn Mayer) appela Harry Cohn (propriétaire de la Columbia) afin de proposer Clark Gable. Mayer voulait en effet le punir - en l'exilant vers un petit studio peu prestigieux - car il avait refuser plusieurs scénarios de suite. Clark Gable, sous contrat avec la MGM, fut obligé d'accepter. Il remporta le seul Oscar de sa longue carrière pour ce rôle.
- Concernant le premier rôle féminin, celui d'Ellie Andrews, plusieurs actrices refusèrent. Ce fut le cas de Myrna Loy qui venait de subir un échec avec un précédent film se passant dans un bus, Margaret Sullavan, Miriam Hopkins, Loretta Young et Carole Lombard. Quant à Constance Bennett, elle acceptait le rôle si elle pouvait produire le film. Bette Davis souhaitait, quant à elle, le rôle mais la RKO ne souhaitait pas la prêter à un autre studio. Claudette Colbert accepta finalement le rôle pour 50 000 dollars et remporta l'Oscar de la meilleure actrice.
- Dans le film, Clark Gable retire sa chemise sous laquelle il ne porte pas de maillot de corps comme il était de coutume à l'époque (Il ne portait pas de maillot car trop long à retirer). Les ventes de sous-vêtements chutèrent après la sortie du film, les fabricants essayèrent de poursuivre alors la Columbia.
- "It Happened One Night" est traduit en français par "New York-Miami", toutefois on peut noter que les protagonistes partent de Miami pour rejoindre New York et non l'inverse.
- A la gare routière de Miami, les amis de Peter Warne le compare à un "roi", surnom qui sera donné quelques années plus tard à Clark Gable dans la vraie vie.
- L'idée du "mur de Jéricho" est venu à Frank Capra car Claudette Colbert refusait de se dévêtir devant la caméra.
- Quand Clark Gable est arrivé sur le plateau le premier jour du tournage, il a déclaré : "Let's get this over with."
- Claudette Colbert porte seulement quatre tenues durant tout le film : une chemise de nuit, une chemisier rayé accompagné d'une jupe, le pyjama de Peter, sa robe de mariée.
- "It Happened One Night" est le premier film a remporté l'Academy Award (l'Oscar) et le National Board of Review Award du meilleur film.
- Claudette Colbert, convaincue qu'elle n'avait aucune chance face à sa concurrente Bette Davis, n'était pas présente à la cérémonie des Oscars. Elle fut "récupérée" dans une gare pour aller chercher son trophée.
- Claudette Colbert a déclaré pendant le tournage d'"It Happened One Night" qu'il s'agissait du "pire film jamais réalisé".
- Le tournage du film ne dura que quatre semaines.
- C'est chez son coiffeur que Capra découvre dans la revue Cosmopolitan la nouvelle "Night bus" de Samuel Hopkins Adams. Pensant un jour en faire quelque chose, il achète les droits d'adaptation cinématographique pour une somme dérisoire et la met de côté. Le jour où il décide d'en faire son nouveau film, il se heurte à une réticence généralisée. C'est par la seule conviction et persévérance de Frank Capra et de son scénariste Robert Riskin que le tournage pourra enfin commencer après moult obstacles. En effet, plusieurs films ‘de bus' venaient de sortir sans résultats satisfaisants au box-office.
[ ... ]
Le scénario au point, sous la plume de Frank Capra, Night Bus est devenu It Happened One Night. Harry Cohn [directeur de la Columbia] lit le script et déclare seulement :
- Je suis bien content, Toto, que t'aies enfin pu faire sauter "Bus" du titre !
En revanche, les commentaires des nouveaux cadres et lecteurs engagés par Cohn sont très mauvais.
- Il n'y a rien là-dedans ! c'est vulgaire ! Idiot ! Pas de suspense ! Pas de charme ! Un titre interminable : It Happened One Night. Le public ne pourra meme pas le lire sur les affiches : L'hiver approche ! C'est tout en extérieurs, il va faire droid ! Pleuvoir ! Neiger ! Laissez tomber, Harry !
Mais Cohn a une qualité, il se contente d'écouter partiellement les rapports très mauvais de ses conseilleurs. En fait, s'il a beaucoup de défauts, quand Harry Cohn décide de soutenir un metteur en scène, il ne le lâche pas. C'est pourquoi au fond, Frank Capra l'apprécie sincèrement.
Lors d'une conférence où le script de Capra et de Riskin est anéanti sous les critiques, Cohn se retourne vers Capra.
- Alors Frank, qu'est-ce que tu en penses, de ton film d'autocar ?
- Harry, j'ai écouté les différents avis, moi le scénario me plaît et je veux faire le film. Mais c'est toi le président de Columbia et c'est toi qui décides.
Frank Capra sait prendre son producteur par l'orgueil. Cohn frappe un grand coup de poing sur la table et lance :
- Bon, allez, assez perdu de temps ! Si Frank veut faire ce film, cela me suffit... Qui peut jouer le rôle de la fille ?
- Puisque la MGM te doit une vedette, l'idéal serait Myrna Loy, propose Capra.
Le scénario est envoyé illico à la star qui... refuse très séchement. Frank Capra est déstabilisé, car il croit sincèrement que toutes les vedettes désirent jouer dans ses films.
La descente aux enfers va continuer : le script de It Happened One Night est envoyé à Margaret Sullivan, puis Miriam Hopkins. Toutes refusent fermement. Constance Bennett déclare à Jaffe, l'assistant qui est venu lui apporter le script : « Que Capra aille se faire voir. » Le malheureux Jaffe, assez secoué, revient de sa mission répéter à Cohn et Capra le refus méprisant de Constance Bennett. Cependant, il ajoute que la star veut bien acheter le scénario pour le faire remanier à son intention.
Tous les conseillers de la Columbia pensent que c'est une occasion inespérée de se débarasser à bon prix de ce sript invendable : Harry Cohn demande à Capra ce qu'il en pense.
- Je crois que Constance Bennett a plus de nez que nous tous ici. Elle aura pour des clous un scénario signé Capra et Riskin. Si elle en fait un succès, sous serons la risée de Hollywood.
- Mais, gros malin, aucune actrice ne veut de ton script de merde, grogne Harry Cohn.
- Donne-moi deux semaines, Harry. On repart travailler, Bob Riskin et moi, après tu pourras le vendre si tu veux, lance Frank Capra, la mort dans l'âme.
Il a pourtant sa petite idée car son ami Myles Connoly, en qui il a toute confiance, lui a fait des remarques fort judicieuses.
Je crois que les comédiennes rejettent ton scénario, car ton héroine est une enfant gâtée, riche, héritière insupportable, et ton gars, un artiste aux cheveux longs sans interet. Tous les deux sont zéro plus zéro égale zéro. Ta fille ne doit pas être une garce parce qu'elle est riche, mais elle deviendra sympathique si elle en a marre d'être riche. Quant au gars, il pourrait etre un reporter indépendant à couteaux tirés avec son rédacteur en chef. En fait, quant il rencontre ton héritière, c'est la « Mégère apprivoisée » et le gars qui l'apprivoise doit etre l'un d'entre nous et pas un chevelu sale de Greenwich Village.
Capra reprete le conseil de Connoly à Riskin qui s'exclame simplement :
- Quels idiots nous sommes, toi et moi !
Capra et Riskin réécrivent le script en huit jours. Harry Cohn, pour une fois, en reste sans voix.
- Cherchons plutot maintenant la vedette masculine, ce sera plus facile que la fille ! propose Capra.
Et le scénario repart à la MGM qui possède Robert Montgomery, lequel serait parfait pour dans le rôle.
Pour la énième fois, el script revient : REFUSE !
Capra, au bord de la dépression, entrevoit la fin de It Happened One Night avant même le commencement.
Harry Cohn pourtant, et c'est sa gloire, ne lâche pas Capra.
Les larmes aux yeux, il supplie l'empereur de la MGM, Louis B. Mayer, d'intervenir auprès de Robert Montgomery.
- Non, répond Mayer. Bob Montgomery dit qu'il y a trop de films d'autocars en ce moment. Mais, Harry, tu as de la chance, je suis de bon poil ce matin ! J'ai un acteur à tête de bois et caractère impossible qui veut que je le paie davantage... J'aimerais bien lui donner une punition. Si tu veux, prends-le ! Je te le prete ! C'est Clark Gable !
- Mais, fait Cohn abasourdi au téléphone, et s'il n'aime pas le scénario ?
- C'est moi, Louis Mayer, qui donne les ordres et il l'aimera, crois-moi !
Frank Capra est effondré. Il n'a vu ce Clark Gable que dans un seul film The Last Mile, où il joue d'une façon trop appuyée le rôle d'un tueur, estime-t-il. De plus, il a de trop grandes oreilles, impossibles à cacher sur l'écran.
- C'est à prendre ou à laisser, Rital... Sans Gable et ses esgourdes, il n'y a plus de film : déclare Cohn.
Capra, résigné, voit arriver dans son modeste bureau la large silhouette de Clark Gable. L'acteur est visiblement furibard et... ivre mort. A moins qu'il ne joue les ivrognes pour mieux montrer sa rage à Frank Capra.
- Alors, quelle face préparez-vous pour m'avoir chois comme dindon ? attaque Clark Gable, en se carrant dans une chaise qu'il fait craquer de tous ses muscles.
- Et bien, monsieur Gable, c'est un rôle où vous... commence Capra.
- Ce salaud de Mayer ne l'emportera pas au paradis, de m'envoyer en Sibérie ! fait Clark Gable en regardant avec mépris le bureau miteux de Capra.
La moutarde commence à monter au nez de ce dernier, mais il se domine et dit très poliment :
- Monsieur Gable, nous sommes censés tourner ensemble dans les meilleures conditions ce film... Voulez-vous que nous parlions du scénario et de votre rôle ou préférez-vous le lire à tête reposée ?
- Ecoute, mon pote, tu peux te le foutre au cul, ton scénario ! Hi hi hi...
Sur ces mots, Gable se lève et part en titubant, le script sous le bras. Dans la cour, il chante très fort.
- Elle aime à rire, elle aime à boire, elle aime à chanter comme nous. Eh ! les gars, crie Gable pour les employés de la Columbia aux fenêtres, vous n'avez pas d'anorak, pourtant il fait froid en Sibérie !
Satisfait d'avoir fait sa grande scène, Gable s'éloigne d'un pas nonchalant. Il y a déjà du Rhett Butler en lui.
Frank Capra, exaspéré, monte chez Harry Cohn et lui dit qu'il laisse tomber le film. La séance de Clark Gable a été celle de trop.
- J'en ai marre de ces foutus acteurs et de ces foutues actrices ! Harry, je jette l'éponge !
Mais Harry Cohn n'est plus de cet avis. Il s'est engagé vis-à-vis de Louis B. Mayer. Il faut tourner le film et juste trouver une actrice.
Capra, dégoûté, se déclare à court d'idées.
Harry Cohn propose :
- Il y a la "froggie", la mangeuse de grenouilles ! Claudette Colbert !
- Colbert ? répond Fran Capra. Mais cette Française est sous contrat avec la Paramount.
- Ouais, mais elle prend quatre semaines de vacances, et cette Frenchie, m'a-t-on dit, ne crache pas sur le pognon ! Son prix est de vingt-cinq mille dollars. Tu peux monter jusqu'à cinquante mille ! Pas un dollar de plus ou tu fais ma ruine, Toto !
Harry Cohn, à cette pensée tragique, s'essuie les yeux. C'est sa grande spécialité. Il peut pleurer à volonté, surtout lorsque les artistes lui demandent de l'augmentation.
[ ... ]
Ellie
: Your ego is absolutely colossal
Peter
: Yeah, yeah, not bad, how's yours ?
[Il ferme la porte]
Ellie
: You know, compared to you, my friend Shapeley's an amateur. Just
whatever gave you any idea I'd stand for this?
Peter
: Say now, wait a minute. Let's get this straightened out right
now. If you're nursing any silly notion that I'm interested in you, forget
it. You're just a headline to me.
Ellie
: A headline ? You're not a newspaper man are you ?
Peter
: Chalk up one for your side.
Alexander
Andrews : Oh, er, do you mind if I ask you a question, frankly ?
Do you love my daughter ?
Peter
: Any guy that'd fall in love with your daughter ought to have his
head examined.
Alexander
Andrews : Now that's an evasion !
Peter
: She picked herself a perfect running mate - King Westley - the
pill of the century ! What she needs is a guy that'd take a sock at her
once a day, whether it's coming to her or not. If you had half the brains
you're supposed to have, you'd done it yourself, long ago.
Alexander
Andrews : Do you love her ?
Peter
: A normal human being couldn't live under the same roof with her
without going nutty ! She's my idea of nothing !
Alexander
Andrews : I asked you a simple question ! Do you love her ?
Peter
: YES ! But don't hold that against me, I'm a little screwy myself !
Oscar Shapeley : You know, there's nothing I like better than to meet a high-class mama that can snap 'em back at ya. 'Cause the colder they are, the hotter they get. That's what I always say. Yes, sir, when a cold mama gets hot, boy, how she sizzles. Ha, ha, ha, ha. [Il la pousse avec son coude] Now, you're just my type. Believe me, sister, I could go for you in a big way. 'Fun-on-the-side' Shapeley they call me, with accent on the fun, believe you me.
Ellie
: I'll stop that car, and I won't use my thumb !
[Après qu'Ellie
ait arrêté une voiture en montrant sa jambe]
Peter
: Why didn't you take off all your clothes ? You could have stopped
forty cars.
Ellie
: Well, ooo, I'll remember that when we need forty cars.
Peter : I never did like the idea of sitting on newspapers. I did it once, and all the headlines came off on my white pants. On the level ! It actually happened. Nobody bought a paper that day. They just followed me around over town and read the news on the seat of my pants.
Ellie
: By the way, what's your name ?
Peter
: What's that ?
Ellie
: Who are you ?
Peter
: Who me ? [souriant] I'm the whippoorwill that cries in
the night. I'm the soft morning breeze that caresses your lovely face.
Ellie
: You've got a name, haven't you ?
Peter
: Yeah, I got a name. Peter Warne.
Ellie
: Peter Warne. I don't like it.
Peter
: Don't let it bother you. You're giving it back to me in the morning.
Ellie
: Pleased to meet you, Mr. Warne.
Peter
: The pleasure is all mine, Mrs. Warne.
Peter
: Excuse me lady, but that upon which you sit is mine.
Ellie
: I beg your pardon ?
Alexander Andrews : Don't fall out of any windows!
Ellie
: Well, I proved once and for all that the limb is mightier than
the thumb.
Alexander
Andrews : What's the matter, child ? Aren't you happy ?
[Ellie sanglote]
Alexander
Andrews : I thought so. I knew there was something on your mind.
There, there, there now. What's the matter ? You haven't fallen in love
with someone else, have you ? Have you ?
[Ellie continue en
pleurant]
Alexander
Andrews : I haven't seen you cry since you were a baby. This must
be serious. Where'd you meet him ?
Ellie
: On the road.
Alexander
Andrews : Now, don't tell me you've fallen in love with a bus driver.
Alexander
Andrews : Who is he?
Ellie
: I don't know very much about him, except that I love him.
Alexander
Andrews : Well, if it's as serious as all that, we'll move Heaven
and Earth to...
Ellie
: No, it's no use ! He despises me.
Alexander
Andrews : Oh, come now.
Ellie
: Yes, he dœs ! He despises everything about me. He says that I'm
spoiled and selfish and pampered and thoroughly insincere.
Alexander
Andrews : Oh, ho, ridiculous !
Ellie
: He dœsn't think so much of you, either.
Alexander
Andrews : Well, I...
Ellie
: And he blames you for everything that's wrong with me. He says
you, you raised me stupidly.
Alexander
Andrews : [sarcastique] Well now, that's a fine man to fall
in love with.
Ellie
: Oh, he's marvelous !
Peter
: [Des détectives recherchent Ellie] What do you mean,
coming in here ? What do you want, anyway ?
Detective
: We're looking for somebody.
Peter
: Yeah, well look your head off, but don't come busting in here.
This isn't a public park. I could near as take a sock at you !
Detective
: Take it easy, son, take it easy.
Mr.
Dykes : These men are detectives, Mr. Warne.
Peter
: I don't care if they're the whole police department. They can't
come busting in here, shooting questions at my wife.
Ellie
: Now, don't get so excited, Peter. The man just asked a civil question.
Peter
: Oh, is that so ? Say, how many times have I told you to stop butting
in when I'm having an argument ?
Ellie
: Well, you don't have to lose your temper !
Peter
: [de façon moqueuse] "You don't have to lose your
temper." That's what you said the other time, too. Every time I try to
protect you. The other night, at the Elks Dance, when that big Swede made
a pass at you!
Ellie
: He didn't make a pass at me ! I told you a million times !
Peter
: Oh, no ? I saw him. He kept pawing you all over the dance floor!
Ellie
: [Les détectives restent] He didn't! You were drunk!
Peter
: Aw, nuts! You're just like your old man! Once a plumber's daughter,
always a plumbers daughter! There isn't an ounce of brains in your whole
family !
Ellie
: [sanglotante] Oh, Peter Warne, you've gone far enough!
I won't stand for it anymore !
Peter
: Aw, shut up !
Mr.
Dykes : Now, you see what you've done ?
Detective
: Sorry, Mr. Warne. But, you see we've got to check up on everybody.
Detective
: We're looking for a girl by the name of Ellen Andrews, you know,
the daughter of that big Wall Street mug.
Peter
: Yeah ? Well, it's too bad you aren't looking for a plumber's daughter
[à Ellie] QUIT BAWLING ! QUIT BAWLING !
[Ellie sanglote encore
plus fort]
Mr.
Dykes : I told you they were a perfectly nice married couple.
[Mr Dykes et les détectives
partent, Peter et Ellie commencent à rire]
Ellie
: Outside of the fact that you don't like him you haven't got a
thing against King.
Alexander
Andrews : He's a fake, Ellie.
Ellie
: He's one of the best flyers in the country.
Alexander
Andrews : He's no good and you know it. You married him only because
I told you not to.
Ellie
: You've been telling me what not to do ever since I can remember.
Alexander
Andrews : That's because you've always been a stubborn idiot,
Ellie
: I come from a long line of stubborn idiots !
Peter : You know, I had you pegged right from the jump. Just a spoiled brat of a rich father. The only way you get anything is to buy it, isn't it ? You're in a jam and all you can think of is your money. It never fails, dœs it? Ever hear of the word humility ? No, you wouldn't. I guess it would never occur to you to just say, 'Please mister, I'm in trouble, will you help me?' No, that would bring you down off your high horse for a minute. Well, let me tell you something, maybe it will take a load off your mind. You don't have to worry about me. I'm not interested in your money or your problem. You, King Westley, your father. You're all a lot of hoœy to me !
[Peter installe une
couverture entre son lit et celui d'Ellie]
Ellie
: That, I suppose, makes everything quite all right ?
Peter
: Oh this ? Well, I like privacy when I retire. Yes, I'm very delicate
in that respect. Prying eyes annoy me. Behold the walls of Jericho ! Uh,
maybe not as thick as the ones that Joshua blew down with his trumpet,
but a lot safer. You see, uh, I have no trumpet. Now just to show you my
heart's in the right place, I'll give you my best pair of pajamas.
[Il lui offre son
pyjama - Elle l'ignore - Il lui lance]
Peter
: Uh, do you mind joining the Israelites ?
[Il indique qu'il
veut qu'elle aille de l'autre côté de la couverture, elle
ne bouge pas]
Peter
: You don't want to join the Israelites ? Alright.
[Il commence à
se déshabiller]
Peter
: Perhaps you're interested in how a man undresses. You know, it's
a funny thing about that. Quite a study in psychology. No two men do it
alike. You know, I once knew a man who kept his hat on until he was completely
undressed. Yeah, now he made a picture. Years later, his secret came out.
He wore a toupee. Yeah. You know, I have a method all my own. If you notice,
the coat came first, then the tie, then the shirt. Now, uh, according to
Hoyle, after that, the, uh, pants should be next. There's where I'm different...
I go for the shœs next. First the right, then the left. After that it's,
uh, every man for himself.
[Il commence à
déboutonner son pantalon, elle court de l'autre côté
de la couverture]
Ellie
: You think I'm a fool and a spoiled brat. Well, perhaps I am, although
I don't see how I can be. People who are spoiled are accustomed to having
their own way. I never have. On the contrary. I've always been told what
to do, and how to do it, and when, and with whom. Would you believe it
? This is the first time I've ever been alone with a man !
Peter
: Yeah ?
Ellie
: It's a wonder I'm not panic-stricken.
Peter
: You're doing alright.
Ellie
: Thanks. Nurses, governesses, chaperones, even bodyguards. Oh,
it's been a lot of fun.
[Peter observe Ellie
mangeant ses donuts]
Peter
: Say, where'd you learn to dunk ? In finishing school ?
Ellie
: Aw, now don't you start telling me I shouldn't dunk.
Peter
: Of course you shouldn't - you don't know how to do it. Dunking's
an art. Don't let it soak so long. A dip and
[Il met le donut dans
sa bouche]
Peter
: plop, in your mouth. You let it hang there too long, it'll get
soft and fall off. It's all a matter of timing. Aw, I oughta write a book
about it.
Ellie
: [Rires] Thanks, professor.
Peter
: Just gœs to show you - twenty millions, and you don't know how
to dunk.
Ellie
: Oh, I'd change places with a plumber's daughter any day.
[Peter porte Ellie
pour traverser la rivière]
Ellie
: You know this is the first time in years I've ridden piggy-back.
Peter
: This isn't piggy-back.
Ellie
: Course it is.
Peter
: You're crazy.
Ellie
: I remember distinctly my father taking me for a piggy-back ride.
Peter
: And he carried you like this, I suppose ?
Ellie
: Yes.
Peter
: Your father didn't know beans about piggy-back riding.
Ellie
: My uncle, mother's brother, has four children and I've seen them
ride piggy-back.
Peter
: I'll bet there isn't a good piggy-back rider in your whole family.
I never knew a rich man yet who could piggy-back ride.
Ellie
: You're prejudiced.
Peter
: You show me a good piggy-backer and I'll show you a real human.
Now you take Abraham Lincoln for instance. A natural born piggy-backer.
Where do you get all of that stuffed-shirt family of yours ?
Ellie
: My father was a great piggy-backer.
[Peter lui donne une
fessée pour cette remarque]
[Peter fait deux "lits"
dans du foin]
Peter
: All right, come on. Your bed's all ready.
Ellie
: I'll get my clothes all wrinkled.
Peter
: Well, then take 'em off.
Ellie
: What?!
Peter
: All right, don't take 'em off. Do whatever you please, but shut
up about it!
Ellie
: Have you ever been in love, Peter ?
Peter
: Me ?
Ellie
: Yes. Haven't you ever thought about it at all ? It seems to me
you, you could make some girl wonderfully happy.
Peter
: Sure I've thought about it. Who hasn't ? If I could ever meet
the right sort of girl. Aw, where you gonna find her ? Somebody that's
real. Somebody that's alive. They don't come that way anymore. Have I ever
thought about it? I've even been sucker enough to make plans. You know,
I saw an island in the Pacific once. I've never been able to forget it.
That's where I'd like to take her. She'd have to be the sort of a girl
who'd... well, who'd jump in the surf with me and love it as much as I
did. You know, nights when you and the moon and the water all become one.
You feel you're part of something big and marvelous. That's the only place
to live... where the stars are so close over your head you feel you could
reach up and stir them around. Certainly, I've been thinking about it.
Boy, if I could ever find a girl who was hungry for those things...
[Elle contourne le
"mur de Jéricho" et s'agenouille auprès du lit de Peter]
Ellie
: Take me with you, Peter. Take me to your island. I want to do
all those things you talked about.
Peter
: You'd better go back to your bed.
Ellie
: I love you. Nothing else matters. We can run away. Everything
will take care of itself. Please, Peter, I can't let you out of my life
now. I couldn't live without you.
[Elle pleure dans
ses bras]
Peter
: [fermement] You'd better go back to your bed.
Ellie
: I'm sorry. [Elle retourne dans son lit en continuant à
pleurer]
Alexander
Andrews : [à Ellie] You're a sucker to go through
with this. That guy Warne is OK. He didn't want the reward. All he asked
for was $39.60, what he spent on you. Said it was a matter of principle.
You took him for a ride. He loves you, Ellie. He told me so. You don't
want to be married to a mug like Westley; I can buy him off for a pot of
gold. And you can make an old man happy and you won't do so bad for yourself.
If you change your mind, your car's waiting back at the gate.
"It Happened One Night", premier succès du réalisateur Frank Capra, énorme succès au box-office malgré des critiques « glaciales », n'aura pas obtenu moins de cinq Oscars dans les cinq catégories les plus prestigieuses pour signer les débuts à Hollywood d'un genre nouveau : la "Screwball Comedy". Genre oublié aujourd'hui, il fit les beaux jours des studios durant les années 30 et 40...
La trame du film est très simple et instaure plusieurs des éléments qui qualifieront plus tard la "Screwball Comedy", à savoir l'absence de pré-récit, les situations cocasses créées par les personnages eux-mêmes, l'antagonisme sexuel, le conflit des classes (Peter est licencié pendant qu'Ellie s'échappe, elle, du yacht de son père milliardaire) et bien entendu, l'humour qui se manifeste aussi bien verbalement que physiquement. La structure narrative de toute "Screwball Comedy" est respectée à la lettre : Un homme et une femme se rencontrent. Ils ont immédiatement une aversion l'un pour l'autre mais restent, contraints et forcés, liés l'un à l'autre. Par un concours de circonstances, ils subissent ensemble un événement particulier (ici le voyage entre Miami et New York) et tombent finalement amoureux. Enfin, les conflits se résolvent, le couple reste uni.
"It Happened One Night", c'est aussi une mise en scène sans prétention mais empli de vigueur avec des plans simples mais efficaces en extérieur, un scénario sympathique et rythmé, des dialogues pertinents et bien choisis.
Les personnages principaux sont opposés, presque adversaires, mais pourtant si proches. Peter est aussi désinvolte, insolent et sans gêne qu'il peut se montrer humain tandis qu'Ellie est aussi hautaine et détachée, ignorante des réalités qui l'entourent, qu'elle peut ravaler sa fierté et s'avouer qu'elle tient à Peter. Les seconds rôles sont eux rares et davantage caricaturaux.
"It Happened One Night", c'est également un dynamisme évident insufflé par le duo Clark Gable / Claudette Colbert (duo qui ne s'entendra pourtant pas pendant le tournage, Claudette Colbert se montrant détestable, certaine de l'idée que le film ne marcherait pas. Toutefois, Capra envisagea cette mésentente comme un atout pour le réalisme des relations entre les personnages du film). Ce film lancera définitivement la carrière de chacun des deux interprètes. Clark Gable, comique et spontané, est d'un naturel indéniable ; Capra dira à propos de sa performance: "Je crois que ce fut le seul film de Gable où il ait jamais eu la possibilité d'être lui-même, d'être le vrai Gable, viril, enfantin, attirant, un peu mufle sur les bords."
Concernant les moments les plus marquants du film, on ne saurait vraiment dire. Sans doute, peut-on penser au célèbre passage de l'auto-stop, la "construction du mur de Jéricho", le déshabillage d'un homme, devenues toutes deux scènes d'anthologie. De toute façon, toutes les scènes sont en elles-mêmes remarquables et drôles ; hormis peut-être une sensible baisse de régime vers la fin du film. Toutefois, celle-ci n'intervient que pour introduire un soupçon d'émotion qui donne davantage de profondeur au film.
En conclusion, il apparaît évident que "It Happened One Night" n'a guère d'autres prétentions que de se présenter comme une comédie légère mais enivrante. Ce film y parvient avec brio et panache, ne véhiculant pas de pensées moralistes, l'humour et la joie de vivre y sont ces seuls maîtres mots. Il convient toutefois de souligner que la popularité du film tient également au fait qu'il dépeignait des problèmes d'Américains moyens. Les gens ont ainsi pu s'y identifier...
Pour en savoir plus sur Clark Gable, vous pouvez consulter sur ce même site : Clark Gable