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Titre original : An American in Paris Sortie US : 1951 (Première à New York le 4 octobre) Durée : 113 min (1 h 53) Langue : Anglais et Français Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) Couleur (Technicolor)
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Le CastingGene Kelly ... Jerry Mulligan Leslie Caron ... Lise Bouvier Oscar Levant ... Adam Cook Georges Guétary ... Henri Baurel Nina Foch ... Milo Roberts Eugène Borden ... Georges Matthieu Martha Bamattre ... Mathilde Matthieu Mary Jones ... La vieille danseuse Ann Codee ... Thérèse George Davis ... François Hayden Rorke ... Tommy Baldwin Paul Maxey ... John McDowd |
Equipe du filmRéalisateur : Vincente Minelli Scénariste : Alan Jay Lerner Producteurs : Roger Edens et Arthur Freed Musique : Saul Chaplin Image : John Alton et Alfred Gilks Montage : Adrienne Fazan Son : Douglas Shearer Direction Artistique : E. Preston Ames et Cedric Gibbons Décors : F. Keogh Gleason et Edwin B. Willis Costumes : Orry-Kelly, Walter Plunkett (bal des beaux-arts) et Irene Sharaff (ballet) Maquillage : William Tuttle Coiffeur : Sydney Guilaroff Département d'Art : Gene Gant (Peintre des toiles de Gene Kelly) Conseillers Technicolor : Henri Jaffa et James Gooch Effets Spéciaux : Warren Newcombe et Irving G. Ries |
Paris, début des années 50. Jerry Mulligan, peintre américain, peine à vivre de son art. Il a pour voisin et ami Adam Cook, un pianiste talentueux mais au chômage. Ce dernier est ami avec Henri Baurell, un chanteur de music-hall qui, lui, rencontre le succès. Henri confie à Adam qu'il est fiancé à Lise Bouvier, une jeune femme de dix-neuf ans dont il s'était occupé et qu'il avait caché durant l'occupation allemande tandis que ses parents étaient résistants...
Alors qu'il expose ses toiles dans une rue de la Butte Montmartre, Jerry fait la connaissance de Milo Roberts, une richissime bourgeoise qui lui achète deux toiles. Par amour pour lui, elle deviendra rapidement son mécène. Le soir de leur rencontre, ils se rendent ensemble dans un restaurant du quartier Montparnasse où Jerry rencontre Lise Bouvier dont il s'éprend immédiatement malgré le peu de coopération de cette dernière. Le lendemain, en lui rendant visite à la parfumerie où elle travaille, il arrive à la charmer et à obtenir d'elle un rendez-vous au café Bel Ami, le soir même. Ils se retrouveront finalement sur les quais de la Seine pour une promenade romantique qui sera interrompue par Lise, partant retrouver Henri en représentation ce soir-là. Lorsqu'elle arrive, le spectacle est terminé mais Henri a une nouvelle pour elle : son manager veut lui organiser une tournée en Amérique et Henri demande à Lise de l'accompagner...
Un soir, une nouvelle fois sur les quais de Seine, Lise annonce la nouvelle de son mariage imminent (il est programmé pour le lendemain) à Jerry. Il a le cœur brisé et va se consoler chez Milo qu'il invite au bal des Beaux-Arts. Lise et Henri sont également présents. La jeune femme fera ses derniers adieux à Jerry avant de s'éclipser avec son fiancé. Abattu, seul sur le balcon, le peintre se met à rêver jusqu'à ce que Lise se rend compte qu'elle n'est pas vraiment amoureuse de son prétendant, et finit, après que celui-ci, magnanime, l'ait laissée partir, par former avec Jerry le couple parfait...
Six Oscars remportés en 1952 :
- Oscar du meilleur film pour Arthur Freed
- Oscar du meilleur scénario et de la meilleure histoire pour Alan Jay Lerner
- Oscar de la meilleure direction artistique et des meilleurs décors pour Cedric Gibbons,
E. Preston Ames, Edwin B. Willis et F. Keogh Gleason
- Oscar de la meilleure photographie couleur pour John Alton et Alfred Gilks
- Oscar des meilleurs costumes pour Orry-Kelly, Walter Plunkett et Irene Sharaff
- Oscar de la meilleure musique pour Johnny Green et Saul Chaplin
- Oscar d'honneur pour Gene Kelly pour ses qualités d'acteur, chanteur, metteur en scène,
danseur et chorégraphe.
Deux autres nominations aux Oscars :
- Nomination du meilleur réalisateur pour Vincent Minelli
- Nomination du meilleur montage pour Adrienne Fazan
- Prix du meilleur auteur de film musical américain décerné par le Writers Guild
of America pour Alan Jay Lerner
- Golden Globe du meilleur film dans la catégorie Comédie Musicale
- Nomination pour le Golden Globe de meilleur réalisateur pour Vinvente Minelli
- Nomination pour le
Golden Globe de meilleur acteur (dans la catégorie Comédie
Musicale) pour Gene Kelly
- Nomination du meilleur film décerné par le BAFTA
- Nomination pour le Grand Prix du Festival de Cannes
- Nomination de Vincente
Minelli pour le prix décerné par le Directors Guild of America
- Le budget du film s'élevait à 2 723 903 $, une somme supérieure au budget de "Singin'in the rain" (Chantons sous la pluie, 1952).
- Alan Jay Lerner a commencé à écrire le scénario en décembre 1949 et il l'a fini la nuit avant son mariage.
- Le tournage du film débuta le 4 octobre 1950 pour s'achever définitivement en avril 1951. Cette comédie musicale rapporta 4,5 millions de dollars aux Etats-Unis.
- Gene Kelly remporta pour ce film le seul Oscar de sa longue et brillante carrière.
- Malgré ce que son titre laissait supposer, "An American in Paris" ne fut pas tourné dans la capitale française mais dans les studios de la MGM, en Californie, avec 44 décors construits pour le film. Les producteurs invoquèrent des difficultés à obtenir les accords autorisant des prises de vue en France. Au final, deux plans présentant la ville furent tournés à Paris.
- Gene Kelly et Vincente Minnelli ont travaillé sur plusieurs longs métrages ensemble : "Ziegfeld Follies" (1946), "The Pirate" (Le Pirate, 1948) et Brigadoon (1954).
- La scène finale, un ballet de 17 minutes qui ne comporte ni parole ni chanson, figure parmi les scènes de danse ininterrompues les plus longues de toute l'histoire d'Hollywood. Elle nécessita un mois entier de tournage et coûta un million de dollars. Ce ballet a failli être coupé car le tournage prenait du retard, pourtant c'est un passage clef du film.
- Gene Kelly réalisa les scènes de danse qui introduisent Lisa, le personnage de Leslie Caron, à l'écran, ainsi que la séquence intitulée "Embraceable You".
- Ayant été dessinateur et décorateur, Vincente Minnelli attachait une attention particulière aux décors de ses films. Pour "An American in Paris", il s'est inspiré des toiles de peintres impressionistes français comme Henri de Toulouse-Lautrec (le Moulin Rouge), Vincent Van Gogh (la place de l'Opéra), Henri Rousseau (la foire), Degas, Edouard Manet (le marché aux fleurs), Raoul Dufy (la place de la Concorde) et Maurice Utrillo (une rue de Paris). Les arrières-plans ont été construits en six semaines par 30 peintres.
- Trois numéros solos ont été coupés du film : "I've Got a Crush on You" (Gene Kelly), "Love Walked In" et "But Not For Me" (Georges Guétary).
- Née en France en 1931 de père français et de mère américaine, Leslie Caron est découverte à Paris par Gene Kelly qui assiste à un ballet où elle danse. Il la fait engager pour "An American in Paris" et elle devient une star dès son premier rôle à 20 ans. Par la suite, elle tournera deux autres films avec Vincente Minnelli : "The Story of Three Loves" (Histoire de trois amours, 1953) et Gigi (1958), l'un de ses plus gros succès.
- Leslie Caron avait souffert de malnutrition pendant le Seconde Guerre Mondiale et n'était pas habitué au calendrier rigoureux du tournage d'un film. Puisqu'elle se fatiguait vite et facilement, elle ne pouvait pas travailler chaque jour.
- Les chorégraphies sont l'œuvre de Gene Kelly assisté de Carol Haney. Contrairement à "On the town" (Un jour à New York, 1950) qu'il co-réalisait avec Stanley Donen, Gene Kelly laisse Vincente Minnelli réaliser les séquences dansées.
- Jean Sablon et Maurice Chevalier auraient été préssentis pour interpréter le rôle d'Henri Baurel. Mais c'est finalement Georges Guetary qui fut engagé. Celeste Holm devait, elle, tenir le rôle de Milo Roberts ; ce fut finalement Nina Foch.
- Cyd Charisse aurait été pressentie pour tenir le rôle de Lise Bouvier. Mais elle y aurait renoncé après être tombée enceinte. Et c'est "Singin'in the rain", l'année suivante, qui la fera passer au statut de star internationale.
- Georges Guetary est un chanteur d'opérette et un acteur célèbre en France (Le Cavalier noir, 1945) quand il est engagé dans "An American in Paris". A la suite de sa prestation dans ce film, il est sacré meilleur chanteur d'opérette à Broadway en 1951. Dans "An American in Paris", il chante "It's Wonderful", un air repris dans "Kiss me Stupid" (Embrasse moi, idiot) de Billy Wilder en 1964.
- John Alton, chef opérateur d'origine hongroise, commence à travailler comme technicien pour la MGM dès 1924. Il passe cadreur à la Paramount et tourne plusieurs films en Amérique latine avant de reprendre sa carrière hollywoodienne dans les années 40 comme chef opérateur. Dans les années 50, il travaille sur cinq longs métrages de Vincente Minnelli : "Father of the Bride" (Le Père de la mariée, 1950), "Father's little dividend" (Allons donc, papa !, 1951), "An American in Paris" où il règle surtout les lumières des séquences dansées, "Tea and sympathy" (Thé et sympathie, 1956) et "Designing woman" (La Femme modèle, 1957). "An American in Paris" est leur seule collaboration sur une comédie musicale et rapporte à John Alton un Oscar de la meilleur photographie partagée avec Alfred Gilks.
- Les principaux morceaux de musique ont été empruntés à Gershwin : le troisième mouvement du Concerto pour piano en F et le poème symphonique "An american in Paris" dont est tiré le titre du film.
- Oscar Levant, qui était plus pianiste qu'acteur, a signé pour le film parce qu'il était en fait un ami de George Gershwin.
- Il y a une représentation du camée de la peinture de Winston Churchill pendant la section d'ouverture du film.
- En 2006, le film a été classé à la 9ème place du classement de l'American Film Institute des meilleures comédies musicales.
- "An American in Paris" est réputé pour être l'un des films favoris de Gene Kelly.
[Début du film]
Jerry Mulligan : This is Paris, and I'm an American who lives here. My
name is Jerry Mulligan, and I'm an ex G.I. In 1945 when the army told me
to find my own job, I stayed on. And I'll tell you why: I'm a painter,
and all my life that's all I've ever wanted to do.
Jerry Mulligan : Back home everyone said I didn't have any talent. They might be saying the same thing over here but it sounds better in French.
Adam Cook : I'm a concert pianist. That's a pretentious way of saying I'm... unemployed at the moment.
Jerry Mulligan : That's... quite a dress you almost have on.
Milo Roberts : Thanks.
Jerry Mulligan : What holds it up ?
Milo Roberts : Modesty.
Adam Cook : It's not a pretty face, I grant you, but underneath its flabby exterior is an enormous lack of character.
Henri Baurel : You only find the right one once.
Adam Cook : That many times ?
Jerry Mulligan : Where is everyone ?
Milo Roberts : Here.
Jerry Mulligan : Downstairs ?
Milo Roberts : No, here in this room.
Jerry Mulligan : What about that extra girl ?
Milo Roberts : That's me.
Lise Bouvier : Maybe Paris has a way of making people forget.
Jerry Mulligan : Paris ? No. Not this city. It's too real and too beautiful
to ever let you forget anything.
Jerry Mulligan : What gets me is, I don't know anything about her. We manage to be together for a few moments and then off she gœs. Sometimes we have a wonderful time together and other times it's no fun at all. But I got to be with her.
Jerry Mulligan : Well, uh, with a binding like you've got, people are
going to want to know what's in the book.
[Fin du film]
Lise Bouvier : Jerry, don't let me leave you this way.
An American in Paris, c'est : la musique de Georges Gershwin, le talent de Gene Kelly, la caméra de Vincente Minelli et bien entendu, Paris... En somme, de quoi attirer tout spectateur... La mécanique bien huilée fonctionne, la séduction s'opère effectivement malgré une histoire sans réelle profondeur.
Les personnages sont légèrement
stéréotypés. Gene Kelly en Jerry Mulligan est présenté
comme l'artiste incompris. On le découvre peu à peu dans
son studio, extrêmement pratique et organisé mais si petit.
Dès le début, on comprend qu'il est sans le sou, d'ailleurs,
il le dit lui-même mais malgré tout, sa bonne humeur et sa
gaieté sont communicatives...
Après Jerry, on
découvre, par le même procédé de filmage (c'est-à-dire
entendre le personnage parlé de sa vie avant de le voir à
l'écran), Adam Cook, interprété par la pianiste Oscar
Levant. Il ironise sa situation de chômeur pourtant on sent qu'il
a soif de reconnaissance. Il n'est pas réellement heureux, la preuve
en est plus tard, son rêve de popularité dans son domaine
de prédilection.
Par la suite, Minelli
choisit la caméra subjective pour nous présenter Henri Baurel,
chanteur à succès français. Il se promène dans
les rues de Montmartre où tout le monde le reconnaît et où
on voit défiler toute l'imagerie du Paris de l'époque vu
à travers les yeux des américains. Henri Baurel se présente
sous les traits de Georges Guétary, vieilli pour l'occasion. Ce
sera le seul rôle Hollywoodien dans toute sa carrière.
La présentation
des personnages et l'exposition dramatique ne seraient pas complètes
sans l'arrivée de Leslie Caron dans l'intrigue. Henri, qui a retrouvé
son vieil ami Adam, lui annonce qu'il est amoureux d'une jeune fille qu'il
a cachée pendant la guerre, Lise Bouvier. « Mais comment est-elle
? » lui demande Adam. Minelli lui répond directement : nouvelle
invention, il se sert d'un tableau miroir pour mettre en scène la
jeune découverte de Gene Kelly. En effet, Freed, Minelli et Kelly
doivent convaincre le public et la profession toute entière du choix
d'une inconnue dans le rôle principale d'une super production hollywoodienne.
Malgré des dialogues
réfléchis, souvent drôles, le scénario est en
lui-même très banal ; il n'est là que pour servir la
danse et le chant et dans ce domaine-là... Quelle spendleur !
Prenons l'exemple du
retour de Jerry chez lui dans la Cadillac de son nouveau mécène.
Dans la petite rue de la Butte où il habite, c'est l'émeute
et le succès immédiat. Les enfants lui courent après
et l'entourent dans une effervescence qui n'est pas sans évoquer
la liesse de la libération qui ne date que de cinq ans au moment
du film. Devant l'insistance des enfants, Jerry se transforme en professeur
d'anglais et interprète dans un franco-américain d'un rythme
endiablé l'un des standards de Gershwin le plus célèbre
au monde, le fameux I've got rythm. Le génie de Gene Kelly, à
la fois en tant qu'acteur, danseur, chanteur et chorégraphe trouve
ici toute sa signification. De la réplique, il glisse tout naturellement
vers le chant en symbiose parfaite avec les enfants que jamais il ne quitte
des yeux. Il réussit à les intégrer dans tout ce qu'il
fait : gestes, intonations, regards. Minelli, impressionné par tant
d'audace et de talent, manie la caméra de façon pudique presque
timide mais avec une grande sobriété et élégance
dans le mouvement.
Cependant, en matière
de danse et d'imagination, rien ne vaut le ballet final. C'est le moment
où tout le génie de Minelli prend corps : il transcende la
douleur de son personnage pour produire l'un des plus beaux hommages de
l'Amérique à la France et la plus longue scène de
ballet jamais filmée. En effet, le rêve de Jerry déclenché
par une vision dessinée des Champs-Élysées va durer
plus de 17 minutes. Certes un peu long, il est d'une incroyable et mémorable
beauté. Gene Kelly passe d'une place de la Concorde qui pourrait
avoir été dessiné par Raoul Dufy, reconstituée
sur plus de 13 m de haut par le grand décorateur Preston Ames qui
fut lui-même étudiant aux Beaux-Arts de Paris dans les années
30. La mélancolie, la tristesse et une gaieté contagieuse
sont les trois thèmes développés par la musique de
Gershwin et la chorégraphie de Kelly au marché aux fleurs.
Ils correspondent aux émotions du personnage principal : son amour
pour Lise, la joie de la serrer dans ses bras et la douleur de la voir
disparaître...
Après un hommage
à Utrillo et au Douanier Rousseau, Gene Kelly se retrouve de nouveau
place de la Concorde pour un dernier hommage à Toulouse-Lautrec.
Il faut savoir que Gene Kelly et Preston Ames ont conçu cette scène
de ballet indépendamment des autres scènes du film. Ils y
travaillèrent pendant trois mois alors que Vincente Minelli était
parti tourner une commande de la MGM.
Du côté musical, les œuvres de Gershwin sont incontournables. Datant des années 30, elles sont typiques de la culture américaine. Certains airs font partie du patrimoine universel : So wonderful, Embraceable you, Stairway to paradise, I got rhythm...
En conclusion, An American in Paris est une œuvre sensible et belle d'un point de vue esthétique : les décors reconstitués en studios confère un côté onirique au film. Les numéros musicaux sont bons, les acteurs convaincants, Gene Kelly charismatique, la vie de bohême bien représentée. Le tout est agréable, naturel, coloré, souvent drôle bien que dramatique par moments...