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Rêvant de suivre les traces de Fred Astaire, Stanley Donen, né en 1924 à Columbia (Caroline du Nord), n’a que 16 ans quand il découvre sur scène Gene Kelly, vedette en titre de la revue Pal Jœy de George Abbott. L’Etoile montante de Broadway fait du jeune danseur son protégé puis son assistant à Hollywood.
L’entente qui est à l’origine de quelques scènes mémorables - La danse avec l’Alter Ego dans Cover girl (La Reine de Broadway, 1944) et le mariage du dessin et du réel dans Anchors Aweight (Escale à Hollywood, 1945). Cela devient l’osmose totale avec le passage à la réalisation, à tel point, que selon Donen, il est impossible de dire la part qui revient à l’un plutôt qu’à l’autre. On the Town (Un jour à New York, 1949), Singin'in the Rain (Chantons sous la pluie, 1952) et It's Always Fair Weather (Beau fixe sur New York, 1955), constituent une superbe trilogie où la virtuosité technique répond aux prouesses physiques. Kelly et Donen n’ont pas leur pareil pour suivre une chorégraphie, lui restituer son style, sa souplesse, sa rapidité, son élan.
Commentant On the Town, film sur l’aspect réellement novateur duquel il se montre moins enthousiaste que Kelly, Stanley Donen dira : "On avait avant nous montré des gens en train de chanter dans la rue. Lubitsch l’avait fait et Mamoulian aussi. Nous avons seulement un peu approfondi cette idée afin de donner une chance égale à l’histoire, à la musique, à la caméra, au rire, sans mettre en valeur l’un de ces élements au détriment des autres. La comédie musicale était pour nous une question de dosage ; Auparavant, elle était toujours l’esclave de l’un de ces éléments."
En 1955, l’échec de It's Always Fair Weather, que certains critiques considèrent comme leur musical le plus ambitieux, consommera la rupture entre les deux complices. En attendant, Stanley Donen, exalte avec élégance le spectacle, la satire, et se montre inventif dans ses films les plus traditionnels. Royal Wedding (Mariage Royal, 1951), le premier film qu’il réalise seul, voit ainsi Fred Astaire défier les lois de la pesanteur en dansant sur les murs et les plafonds.
Give a Girl a Break (Donnez-lui une chance, 1953) malgré les conventions de l’intrigue, est une autre réussite, grâce notamment au dynamisme de ses protagonistes : Debbie Reynolds et Bob Fosse, Marge et Gower Champion. Donen sera l’un des premiers à utiliser- et avec bonheur- le CinemaScope, dans Seven Brides For Seven Brothers (Les sept femmes de Barberousse, 1954), un musical débordant de vitalité. Volontairement traditionnel, Deep in my heart (Au fond de mon c&œlig;ur, 1954) est un hommage à la musique populaire que vient raviver l’humour.
Chorégraphié par Bob Fosse et interpreté par une Doris Day éclatante, The Pajama Game (Pique-nique en pyjama, 1957), sur un argument insolite (une lutte syndicale dans une fabrique de pyjamas) est un pur régal. Donen retrouvera son coréalisateur George Abbott l’année suivante dans Damn Yankees, avec moins de réussite.
Alliant sa fascination pour la photographie de mode et sa raillerie de la rive gauche Parisienne saisie par l’existentialisme, Stanley Donen donnait à la Paramount avec Funny Face (Drôle de Frimousse, 1957) sa dernière grande comédie musicale originale, mettant en scène un couple de rêve, Audrey Hepburn et Fred Astaire.
Le genre qu’il a si bien servi étant passé de mode, Stanley Donen se tourne alors vers la comédie sophistiquée, dont Cary Grant est l’acteur de prédilection : Indiscreet (Indiscreet, 1958) puis le brillant Charade (1963) auquel répondra la parodie Hitchcockienne : Arabesque (1966) ; En 1967, Two for the Road (Voyage à Deux), entrainera Audrey Hepburn, éternelle ingénue, vers une féminité nouvelle.
Il fait un hommage à la Comédie Musicale dans Movie Movie (Folie-Folie, 1978), mais le succès souhaité n’est hélas pas au rendez-vous. Il se retire du cinéma en 1984.