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Henry Jaynes Fonda est né à Grand Island, une petite ville du Nebraska, le 16 mai 1905. Son père, William, est imprimeur ; sa mère, Roberta, femme au foyer. Bien que Roberta soit de nature sociable et William plus enclin à l'introversion, leur couple est solide. Les Fonda descendent des premiers colons. Leur famille remonte au XVIIe siècle et aurait même, dit-on, fondée une ville qui porte encore leur nom dans le nord de l'état de New York.
Peu de temps après la naissance d'Henry, William Fonda, pourtant démocrate libéral, s'installe avec les siens à Omaha, une ville dévouée aux républicains.
William et Roberta offrent un foyer uni et chaleureux à leurs trois enfants. Henry a, en effet, vu l'arrivée de deux petites sœurs. Le jeune garçon ne tarde pas cependant à découvrir que la vie n'est pas idyllique. Il a 14 ans quand son père lui enseigne une leçon qu'il n'oubliera jamais sur la violence et l'injustice qui rongent parfois l'homme. (Un noir était accusé de voie de fait et se trouvait en prison à Omaha. Le bruit courait qu'il allait être lynché. Son père a amené Henry à son travail sans lui donner d'explication. Il a vu la foule lyncher cet homme et avait compris la leçon sans qu'on lui parle.)
Henry a 18 ans, ce n'est plus un adolescent timide et renfermé mais un très beau jeune homme d'1m80, aux cheveux noirs et aux yeux d'un bleu perçant. Rêvant de devenir écrivain, il quitte Omaha en 1923 pour suivre des cours de l'université du Minnesota. Mais au bout de deux années infructueuses, il renonce à ses aspirations littéraires.
A 20 ans, Henry se retrouve de nouveau à Omaha chez ses parents. Il travaille comme employé de bureau pour un salaire de 30 dollars par semaine. Mais en 1925, une amie de la famille lui propose un rôle de figurant dans une pièce que monte le théâtre municipal d'Omaha. Cette femme, Mrs Dorothy Brandon (la mère de Marlon), va donner une nouvelle direction à sa vie. Devant l'insistance de Mrs Brandon, Henry finit par accepter. Pendant les répétitions, il ne peut s'empêcher de baisser les yeux quand les autres comédiens s'adressent à lui. Aussi, est-ce avec surprise qu'il se voit offrir l'année suivante le rôle principal dans Merton of the Movies. C'est l'histoire d'un jeune garçon du Middle-West employé dans une épicerie qui rêve de percer à Hollywood.
Allant à l'encontre des désirs de son père, Henry accepte le rôle. Après de répétitions harassantes, la première a enfin lieu. Henry brûle les planches, même William Fonda est impressionné. Pour le timide jeune homme de 20 ans, c'est aussi une révélation. Il a découvert qu'en jouant il parvient à surmonter ses terribles inhibitions. Sa décision est prise, il sera acteur.
En 1927, une riche douairière d'Omaha propose à Henry de le payer pour aller chercher son fils à l'université de Princeton. A l'idée de passer une semaine à New York, Henry part immédiatement pour la côte Est. A Broadway, Henry voit neuf spectacles en six jours. La vie trépidante qui règne dans le milieu théâtral New-yorkais lui fait une forte impression. De retour à Omaha, il est plus que jamais déterminer à devenir comédien. Après avoir joué dans diverses compagnies de théâtres locales, Henry quitte de nouveau Omaha. Cette fois, il rejoint la University Players, une troupe d'étudiants qui travaille leur répertoire dans la presqu'île de Cape Cod dans le Massachusetts. Parmi les membres de cette compagnie se trouve un ancien de Princeton qui aspire à devenir dramaturge : Joshua Logan. Même si Henry au départ s'occupait du décor, c'est dans cette compagnie qu'il a appris à jouer et qu'il a compris qu'il pouvait en faire son métier.
Dans cet environnement des plus créatifs, Henry s'épanouit. Il est stimulé par l'esprit de camaraderie et le désir de réussite qui animent la troupe.
En 1929, une jeune actrice pleine de fougue, fraîchement débarquée de sa Virginie natale, rejoint la compagnie. Elle s'appelle Margaret Sullivan et Henry en tombe, immédiatement, follement amoureux. Pendant les deux années suivantes, Margaret et lui travaillent ensemble tout en vivant un amour passionné en dehors du théâtre. Le 25 décembre 1931, Henry, alors âgé de 26 ans, épouse Margaret Sullivan à Baltimore.
Peu de temps après, les nouveaux mariés décident d'aller tenter leur chance à Broadway. Mais le stress et les revers funestes inhérents à leurs carrières de comédiens ne tardent pas à peser sur le couple. Quelques mois à peine après leur mariage, Henry et Margaret divorcent. Henry est anéanti et n'ayant plus d'endroit où vivre, il emménage dans un petit appartement sans eau chaude avec deux de ses anciens camarades : Joshua Logan et James Stewart. Réussir est maintenant une question de survie pour Henry. Mais les temps sont durs en Amérique, les queues devant les magasins d'alimentation sont devenus un spectacle familier dans le New York de la crise. Trouver du travail pour un jeune acteur débutant n'est pas chose aisée et Henry finit par se faire engager comme vendeur chez un fleuriste. Le succès ne lui a jamais paru aussi lointain...
L'année suivante, la chance semble enfin sourire au jeune homme. Après avoir passé des centaines d'auditions, il est retenu pour une comédie musicale appelée New faces of 1934 . Il retrouve confiance en lui.
Un homme ne tarde pas à le remarquer : Leyland Hayward ; il est l'agent de Greta Garbo, de Fred Astaire et de l'ex-femme d'Henry, Margaret Sullivan. Il propose au jeune comédien un contrat et l'incite à se rendre à Hollywood. Mais Henry qui ne jure que par le théâtre décline l'offre. Hayward s'obstine, il n'est pas de ceux qui acceptent les refus. Hayward a tellement insisté qu'Henry finit par aller à Hollywood. Il a exigé une somme astronomique, pensant qu'Hayward refuserait mais il a accepté. Henry signe un contrat qui l'engage pendant deux ans avec Hayward et un producteur de cinéma.
Il se retrouve bientôt sur une scène de Broadway où il interprète le rôle principal de The farmer takes a wife. Henry a gagné, il est enfin sous les feux de la rampe mais un soir, pendant l'entracte, sa joie est ternie quand il reçoit un coup de téléphone d'Omaha. Sa sœur lui annonce alors la mort de sa mère. Il retourne sur scène et finit le spectacle. C'est ce qu'il avait de mieux à faire pour supporter son chagrin.
The farmer takes a wife obtient un succès d'estime à Broadway mais attire l'attention du patron de la Fox, Darryl Zanuck qui y voit un rôle idéal pour l'une de ses plus grandes stars du moment, Janet Gaynor. Pour lui donner la réplique, il songe à Gary Cooper ou Jœl McClay mais ni l'un, ni l'autre ne sont disponibles et il décide de miser sur ce jeune comédien de trente ans, Henry Fonda. Le jeu tout en sobriété d'Henry dans The farmer takes a wife enthousiasme les critiques et le public.
Les propositions ne tardent pas à tomber. Henry tourne quatre films coup sur coup dont The Trail of the Lonesome Pine (La fille du bois maudit, 1936), produit par la Paramount.
A 31 ans, Henry Fonda est devenu un acteur très en vue autant sur les écrans de cinéma qu'aux bras de quelques unes des vedettes d'Hollywood. Désireux de partager son succès, il invite son ancien camarade, James Stewart, à s'installer dans sa spacieuse villa de Brentwood. Les deux hommes deviennent vite les meilleurs partis de la ville. Henry enchaîne film sur film.
Après avoir retrouvé son ex-femme Margaret Sullivan dans The Moon's Our Home (Le diable au corps, 1936) produit par la Paramount, il prend l'avion pour l'Angleterre où l'attend l'actrice française Annabella avec qui il partage l'affiche dans Wings of the Morning (La Baie du Destin, 1937). C'est surtout pour voyager en Europe qu'Henry a accepté ce rôle. De passage à Londres, il rencontre une riche veuve américaine de 27 ans, Frances Seymour Brokaw. Pour l'un comme pour l'autre, c'est le coup de foudre. Dès la fin du tournage, le couple part à la découverte des capitales européennes. Trois mois plus tard, Henry, âgé de 32 ans, épouse Frances à New York. De retour à Hollywood avec sa nouvelle épouse et sa fille, Henry se consacre à son métier et à sa petite Jane qui est né l'année suivante, le 21 décembre 1937. En même temps que la famille Fonda s'agrandit, la réputation d'Henry s'affirme.
En 1938, il est le partenaire de Bette Davis dans une somptueuse épopée sur la guerre de Sécession : Jezebel (L'insoumise, 1938) qui est la réplique de la Warner à Gone with the Wind (Autant en emporte le vent, 1939).
Henry doit cependant attendre d'être à la 20th Century Fox et sous la direction de Darryl Zanuck pour révéler toute l'ampleur de son talent. Zanuck qui voit dans son jeu sobre et son accent du Middle-west la promesse de grandes possibilités s'empresse de le faire tourner avec quelques unes des plus grandes stars de la Fox.
En 1939, Henry est l'assistant enthousiaste de Don Ameche dans le film qui raconte l'histoire de Graham Bell : The story of Alexander Graham Bell (Et la parole fût, 1939). La même année, dans Jesse James (Jesse James, le brigand bien aimé, 1938), il travaille en partenariat avec un Tyrone Power adulé par les foules. Le portrait qu'il donne de Frank James, un homme qui a dû cran et qui chique à longueur de journée, lui vaut d'excellentes critiques. C'est cependant dans le film Young Mr. Lincoln (Vers sa destinée, 1939), dirigé par John Ford, qu'Henry s'impose vraiment. Le film encensé par les critiques remporte un vif succès au box-office : Henry Fonda est devenu une star.
Devinant qu'ils ont trouvé en Henry la perle rare, Zanuck et Ford lui concoctent aussitôt un autre rôle à sa mesure, celui d'un pionner héroïque dans le film Drums Along the Mohawk (Sur la piste des Mohawk, 1939). Tout laisse à croire qu'Henry est l'acteur rêvé pour la Fox et la Fox le studio rêvé pour l'acteur. Pourtant, Henry persiste dans son refus à être sous contrat avec Zanuck.
En 1940, la Fox rachète au prix record de 70 000 dollars les droits cinématographiques du roman de John Steinbeck : The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère, 1940). Le nom d'Henry Fonda s'impose aussitôt à l'esprit de tous pour le rôle de Tom Joad. De son côté, Henry ne cache pas l'intérêt qu'il porte au personnage. Zanuck hésite. En vérité, il se sert de ce rôle en or pour appâter l'acteur et lui faire enfin signer un contrat. Lorsqu'il annonce à la presse qu'il songe à Tyrone Power ou à Don Ameche, Henry, contraint et forcé, finit par lui céder en acceptant un contrat de sept ans. Il se méfiait de Zanuck et n'aimait pas être sous contrat, mais c'était le prix à payer pour obtenir le rôle de sa vie, ça valait le coup et il le savait.
Le livre a beaucoup touché Henry, il dénonçait la vie américaine de cette époque et le pouvoir de l'argent sur la classe moyenne, composée alors surtout de fermiers. Il a touché l'homme du Middle-west qu'il y avait en lui, l'homme qui compatissait au malheur des opprimés.
Avec The Grapes of Wrath , la 20th Century Fox remporte son plus gros succès de l'année. Le film est nominé sept fois aux oscars dont celui de meilleur film et celui de meilleur acteur pour Henry. Ironie du sort, c'est James Stewart, le vieux copain d'Henry qui est élu meilleur acteur de l'année pour son rôle dans The Philadelphia Story (Indiscrétions, 1940). Henry n'en prend pas ombrage, ce qu'il l'intéresse c'est joué et non être récompensé.
Il ne sait pas alors que les rêves de réussite qu'il caressait enfant vont bientôt être confrontés aux dures réalités de la vie dans un monde tout à fait réel.
En 1940, la guerre fait rage en Europe et l'Amérique est sur le point d'y participer. Grâce à l'immense succès de The Grapes of Wrath , Henry et sa femme Frances se font construire une vaste ferme sur les collines de Bel Air, en Californie. Un troisième enfant est né, Peter. Henry a 35 ans.
Dès qu'il n'est pas pris par un tournage, il s'enferme dans son atelier pour sculpter. Il passe également des journées entières à construire des maquettes d'avions avec son vieil ami James Stewart.
Mais la vie à Bel Air ne suffit pas à calmer le ressentiment d'Henry qu'éprouve à l'égard de Zanuck et de la Fox après une série de rôles médiocres dans des films insignifiants. Curieusement, il semble qu'Henry ait de bien meilleurs rôles qu'à la Fox comme dans The Lady Eve (Un cœur pris au piège, 1941) avec Barbara Stanwick qu'il tourne pour la Paramount.
Alors que l'Amérique s'engage dans la seconde guerre mondiale, la Fox produit toute sorte de films légers, comédies musicales ou comédies tout court à la demande, semble-t-il, du public. En 1942, Henry et le réalisateur William Wellman présentent à Zanuck un scénario écrit par Walter Wan Tilburg Clark. The Ox-Bow Incident (L'Etrange Incident, 1943) est une fable sombre et pessimiste sur un cow-boy qui se retrouve confronter à un lynchage. Pour Henry, cette histoire est une mise en accusation violente du lynchage auquel il a assisté enfant. Mais Zanuck est sceptique. Il pense que le pays, las de la guerre, ne supportera pas un sujet aussi grave. Aussi, est-ce à contre cœur qu'il donne son feu vert. The Ox-Bow Incident est applaudi par la critique mais comme Zanuck l'avait prédit, c'est un fiasco au box-office.
Avant même la sortie du film, Henry, comme des milliers d'Américains, part pour le front. Le lieutenant Henry Fonda sert pendant plus de deux ans dans le Pacifique Sud. Il échappe de justesse à la mort quand le cuirasser sur lequel il se trouve est bombardé par un kamikaze. Ses brillants états de service lui valent d'être décoré et cité à l'ordre de l'armée.
Dès son retour au pays, la Fox le remet au travail. Pour une fois, le personnage que Zanuck lui propose le satisfait pleinement. De nouveau sous la direction de John Ford, ce film donne à Henry l'occasion d'interpréter l'un de ses meilleurs rôles. Il est le légendaire Wyatt Earp dans My Darling Clementine (La Poursuite infernale, 1946). (Pour la scène finale, Henry n'était pas d'accord avec John Ford. Ford voulait qu'il parle et Henry a dit non. Le personnage n'aurait pas fait ça. Ca ne lui ressemblait pas. Il a finalement conservé le côté stoïque du héros.)
My Darling Clementine reçoit un accueil triomphal. Henry n'aurait pu rêver mieux. Son contrat avec la Penitenciary Fox, comme il s'amuse à surnommer les studios de Zanuck, est en effet arrivé à son terme. Volant enfin de ses propres ailes, il retrouve John Ford avec qui il tourne pour la RKO Fort Apache (Le Massacre de Fort Apache, 1948).
Si la carrière d'Henry semble à présent stable, il n'en va pas de même avec sa vie privée. Trois années de guerre à l'étranger, suivi de longues absences dû à son travail, ont sérieusement ébranlé le couple Fonda. Frances sombre de plus en plus souvent dans la dépression et de plus en plus intensément. La nature renfermée d'Henry et son tempérament critique n'améliorent guère la situation entre les époux. Entre outre, il s'occupe très peu de ses enfants.
Au cours de l'été 1947, Henry lit une pièce co-écrite par son vieil ami Joshua Logan : Mister Roberts (Permission jusqu'à l'aube, 1955). Il voit aussitôt dans cette comédie dont l'action se passe sur un cargo durant la seconde guerre mondiale l'occasion de faire avancer sa carrière et de prendre de la distance par rapport à Frances. Abandonnant Hollywood et sa famille pour New York, il se lance tête baissée dans les répétitions. Le 28 février 1948, la première de Mister Roberts a lieu à guichets fermés. Henry réalise enfin son rêve d'enfant : être acclamé sur une scène de Broadway. Malheureusement, le succès de la pièce ne fait qu'accentuer le gouffre entre sa femme et lui. Il a une aventure avec une fille de dix-huit ans. Quand sa femme l'apprend, elle et ses enfants déménagent à Greenwich.
En 1949, alors que Mister Roberts entame sa deuxième année, Henry demande le divorce. Frances accepte mais elle n'en est pas moins sous le choc. En février 1950, elle entre au Creek Sanitarium de l'état de New York. Au bout de trois mois, elle cède à ses démons et le matin de son quarante-deuxième anniversaire, Frances Fonda se donne la mort.
Après le décès tragique de sa femme, Henry s'étourdit de travail à Broadway. On le voit souvent en compagnie d'une jeune femme, Susan Blanchard. Elle est la belle fille sophistiquée et charmante d'un parolier librettiste : Oscar Hammerstein. N'éprouvant nullement le désir de retourner à Hollywood et d'y subir de nouveau le conservatisme de son establishment, Henry fait venir sa fille Jane et son fils Peter sur la côte Est. Le 28 décembre 1950, il épouse Susan Blanchard. La jeune femme se prend aussitôt d'affection pour les deux adolescents. Peu à peu, la vie de famille Fonda retrouve une certaine stabilité.
Après plus de mille représentations, Mister Roberts se joue une dernière fois le 28 octobre 1950. Henry accompagne la troupe en tournée pendant quelques temps avant d'être à l'affiche de deux nouveaux succès à Broadway : Point of no Return et The Caine Mutiny Courtmartial. Mais en 1954 Hollywood le rappelle pour interpréter le rôle principal de la version cinématographique de Mister Roberts. Produit par la Warner Bros, le film est réalisé par son vieil ami John Ford. Alors que tout semble réunit pour assurer le succès du film, Ford et Fonda s'affrontent violemment sur le tournage. Ford ne termine pas le film ; Henry et lui n'ont plus jamais travaillé ensemble par la suite. Mister Roberts remporte toutefois un vif succès à sa sortie en 1955 et rappelle à tous qu'Henry Fonda est une valeur sûre au box-office.
L'acteur tourne deux nouveaux films : War and Peace (Guerre et paix, 1956) et The Wrong Man (Le Faux Coupable, 1957) d'Alfred Hitchcock. Mais ce sera dans 12 Angry Men (Douze hommes en colère, 1957) de Sidney Lumet qu'il produit et finance qu'il révélera le meilleur de lui-même. Ce rôle exprime fondamentalement sa nature d'homme libéral, prêt à tout pour défendre la justice. Encensé par la critique mais boudé par le public, ce film conduira Henry à ne jamais plus être producteur.
Après six années de mariage et l'adoption d'une petite fille, Amy, Susan et Henry divorcent en 1956. Henry ne tarde pas à se remarier. Cette fois à la comtesse Afdera Franchetti, fille d'un baron italien. Mais une fois de plus, ce mariage est voué à l'échec.
Ce qui se révèle être un défaut dans sa vie privée est un atout dans sa vie professionnelle. Grâce à son jeu d'acteur tout en sobriété et à sa présence à l'écran, il donne aux personnages qu'il interprète une certaine profondeur que les critiques ne manquent pas de louer.
Henry Fonda est à présent une référence. Trouvant toujours autant de plaisir à jouer sur scène, il accepte tous les rôles qu'on lui propose. On le voit ainsi dans Two for the Seesaw, The Gift of Time de Garson Kanin, dans le spectacle très couru Generationet dans la pièceThe Time of your Life où il partage l'affiche avec le jeune Richard Dreyfus.
Henry continue aussi de se consacrer à la sculpture et à la peinture et surprend souvent ses amis en leur offrant certaines de ses œuvres.
En 1962, Henry rencontre celle qu'il appellera la femme de sa vie. Comme lui, Shirley Adams est originaire du Middle-West. Trois ans plus tard, l'homme qui avait juré qu'on ne le reprendrait plus se marie dans l'intimité à New York.
A cette époque, Henry n'est pas le seul membre de la famille Fonda a travaillé dans le show-business. Peter et Jane se sont révélés être tout deux de grands acteurs et réalisateurs. A l'instar de leur père trente ans auparavant, ils deviennent les portes paroles d'une génération très politisée. Malgré des penchants libéraux, Henry supporte de moins en moins les prises de positions radicales de ses enfants. Il parait souvent mal à l'aise devant les journalistes qui lui demandent de commenter leurs actions publiques.
A un peu plus de 60 ans, Henry continue de tourner des films et de jouer au théâtre. On le voit aussi à la télévision où il dirige sa propre série hebdomadaire : The Smith Family.
Malgré plus de 80 films à son actif, de gros succès au théâtre et à la télévision, Henry a de plus en plus de mal à trouver des rôles intéressants. Il a peur de ne plus travailler, de ne plus recevoir de scénarios ou d'être trop vieux pour jouer.
A 70 ans, bien que confronté aux ravages de la vieillesse, il désire être encore une fois sous le feu des projecteurs. Au cours de l'été 1980, alors que sa santé décline et que sa vie professionnelle semble au point mort, sa fille Jane lui offre un rôle qui va lui permettre d'atteindre l'apogée de sa carrière d'acteur. Elle désirait tourner avec lui et quand elle a vu On Golden Pond (La Maison du Lac, 1981) à Broadway, elle n'a pas hésité. Dirigé par Mark Rydell et avec pour vedette féminine Katherine Hepburn, On Golden Pond raconte l'histoire douce amère d'un homme vieillissant qui, confronté à sa propre mort, se réconcilie avec sa fille. Le film est un triomphe. A 76 ans, quarante ans après sa dernière nomination aux oscars, Henry Fonda figure de nouveau sur la liste des acteurs pressentis pour le titre de meilleur acteur de l'année. Il est très malade et ne peut pas se rendre à la cérémonie. Aussi, est-ce Jane qui reçoit l'oscar pour lui.
Le 8 août 1982, Henry Fonda est conduit d'urgence à l'hôpital après avoir fait un infarctus. Il meurt dans son sommeil quatre jours plus tard.
L'un des plus grands acteurs américains est mort mais sa mémoire, son image et les rôles qu'il a interprétés demeurent à jamais inscrit dans l'esprit de tous. Pour Henry Fonda, le rôle le plus difficile c'est toujours joué en coulisses mais l'amour de sa femme, la réconciliation avec ses enfants et la reconnaissance de ses pairs lui ont permis de partir en paix avec l'assurance de l'avoir enfin maîtrisé.